Pour promouvoir la gastronomie algérienne, les jeux méditerranéens d’Oran utilisent une photo de cuisine marocaine

Une photo estampillée "cuisine marocaine" sur une banque d'images a été utilisée pour illustrer la gastronomie algérienne par le site des Jeux méditerranées d'Oran 2022.

Une photo estampillée cuisine marocaine sur une banque d'images a été utilisée pour illustrer la gastronomie algérienne par le site des Jeux méditerranées d'Oran 2022. . DR

Le pillage du patrimoine culturel marocain est devenu un sport national en Algérie, et à ce titre, s’invite sur la plateforme électronique des Jeux méditerranéens d’Oran 2022.

Le 17/05/2022 à 13h27

Sur le site web de ce rendez-vous sportif qui se déroule tous les quatre ans dans un pays du pourtour méditerranéen, la ville d’Oran, qui accueillera du 25 juin au 25 juillet les prochains jeux méditerranéens, est mise en avant tant d’un point de vue tant architectural que culinaire.

Ainsi en plus des quelques sites touristiques de la ville, qui ont, du reste, été classés dans la rubrique «les choses à voir» (sic), les futurs visiteurs de l’évènement se voient aussi donner un avant-goût de la cuisine locale dans la rubrique «saveurs de l’Oranie», une espèce de carnet d’adresses des meilleures tables de la ville.

Mais, ô surprise, en préambule de cette rubrique, qualifiés de «saveurs de l’Ouest», des plats pourtant bien marocains, comme la Harira ou la Seffa. Et le visiteur n’est pas au bout de ses surprises, car pour illustrer cette fameuse «cuisine oranaise» et ses spécialités, c’est tout bonnement une photo culinaire d'un plat de la gastronomie marocaine qui a été utilisée, illustrant en l’occurrence un tagine, entouré de salades.

Il est d'ailleurs très simple de le vérifier par quelques clics sur un moteur de recherche, qui permettent de remonter à l’origine de cette photographie, disponible en l’occurrence sur le site freepik.com, avec pour légende «cuisine marocaine».

Cette énième tentative de réappropriation culturelle se trouve être de surcroît complètement hors de propos, au vu des spécialités proposées par les tables incontournables de la ville, censées témoigner de la «célèbre gastronomie oranaise» et citées par la plateforme des jeux méditerranéens d’Oran.

Ainsi, pour découvrir cette fameuse cuisine locale, on propose de faire un tour au Bekhchi’s, un restaurant de «spécialités de la mer et influences provençales», lequel puise visiblement ses idées dans le très riche patrimoine gastronomique français.

En deuxième choix, un haut-lieu de la gastronomie algérienne, l’Urban Grill, «grand spécialiste des Tacos et Cheeseburgers». Ah? C'est algérien? 

Autre option, le Firdaous, une table «alliant le délice méditerranéen à l’élégance», qui s'adresse à ceux qui aiment le «poissons frais» et la «musique andalouse».

On propose aussi de manger au Saiko Sushi, haut-lieu du «raffinement de la cuisine japonaise» ou enfin au Mélomane, «restaurant gastronomique méditerranéen et pub bar, destiné aux amateurs des saveurs fraîches de la mer».

Enfin, nous annonce-t-on in fine, «place au traditionnel» avec le restaurant M’Sirda. Une table typiquement oranaise donc, et qui propose «de savoureux plats typiquement traditionnels de l’ouest Algérien». On s'interroge: ah bon? Lesquels? Eh bien, des «tajines, briques, bastilla (…)», est-il alors spécifié. Des plats bien marocains, qui se retrouvent à nouveau estampillés du drapeau algérien, en toute impunité. Et de conseiller enfin aux fins gourmets un plat en particulier, décrit comme étant «emblématique de l’ouest», à savoir «les Bebouches, escargots bouillis en sauce»… Franchement, no comment.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 17/05/2022 à 13h27