"Nous allons gagner cette élection". Joe Biden, l'ancien vice-président de Barack Obama, s'est exprimé peu avant cinq heures du matin (GMT+1), dans une allocution très attendue à Wilmington, dans son fief du Delaware, alors qu'aucun grand média américain n'a encore désigné le vainqueur.
Le candidat démocrate à la Maison Blanche a appelé les Américains à "se rassembler" pour surmonter "la colère", alors qu'il est proche de remporter l'élection face à Donald Trump, qui a dénoncé un scrutin "volé".
"Il est temps de nous rassembler", a déclaré Joe Biden, lors de ce bref discours, toujours dans l'attente du résultat du scrutin de mardi dernier. "Nous devons surmonter la colère", a-t-il ajouté, en promettant aussi de s'attaquer dès le "premier jour" de sa présidence à la pandémie de Covid-19.
Pour l'heure, le président américain Donald Trump n'a pas encore réagi à cette allocution de celui qui est toujours son rival, mais CNN a relayé le fait que Mark Meadows, son chef de cabinet à la Maison Blanche, avait à son tour contracté le Covid-19, une information préalablement annoncée par Bloomberg.
A quelques heures de cette allocution, Donald Trump a estimé, dans un tweet, que Joe Biden ne devrait pas revendiquer la victoire de façon "illégitime". "Je pourrais moi aussi la revendiquer. Les procédures judiciaires ne font que commencer!"
Joe Biden should not wrongfully claim the office of the President. I could make that claim also. Legal proceedings are just now beginning!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 6, 2020
Joe Biden est désormais en tête en Pennsylvanie, Etat-clé qui avec ses 20 grands électeurs pourrait lui permettre de franchir en vainqueur la ligne d'arrivée.
Il y compte plus de 15.00 voix d'avance, mais aucune chaîne américaine n'a franchi le pas de le déclarer vainqueur.
Et les propos de la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, qui a jugé "évident" que Joe Biden allait "gagner la Maison Blanche", n'ont rien changé.
‘We did not win every battle in the House, but we did win the war,’ said House Speaker Nancy Pelosi https://t.co/QRKHMmU1CV pic.twitter.com/frjXS1Izwa
— Reuters (@Reuters) November 7, 2020
S'il l'emporte dans cet Etat industriel, il deviendra le 46e président américain, quelle que soit l'issue du dépouillement ailleurs.
Dans un communiqué publié en milieu de journée, et relayé par plusieurs journalistes américains, Donald Trump a adopté un ton moins véhément que la veille, où il avait évoqué une élection "volée", tout en restant évasif sur ses intentions.
NEW statement from #Trump campaign. Claim “this election is not over;” point to “false projection of #JoeBiden as the winner” #Election2020 pic.twitter.com/Rw8lTOBvuq
— Suzanne Lynch (@suzannelynch1) November 6, 2020
Recomptage en GéorgieAu petit matin, le dépouillement en Géorgie, qu'aucun démocrate n'a remportée depuis 1992, avait déjà basculé en faveur de Joe Biden, avec un peu plus de 1.500 voix d'avance.
Mais la marge est tellement "serrée" qu'il y aura un recomptage des votes dans cet Etat du Sud, a annoncé un haut responsable local.
Le compteur pour arriver au nombre magique de 270 grands électeurs -la majorité du collège électoral- ouvrant les portes de la Maison Blanche restait donc encore bloqué: 253 ou 264 voix pour Joe Biden, selon que les médias lui aient ou non attribué l'Arizona, et 214 pour Donald Trump.
A l'inverse de la Pennsylvanie et de la Géorgie, Donald Trump bénéficie directement, dans l'Arizona, de la prolongation du dépouillement.
Il était en train de rattraper Joe Biden, risquant de faire perdre au démocrate les 11 grands électeurs que l'agence AP et Fox News lui avaient attribués dès la nuit électorale, sur la base de résultats partiels et de modèles statistiques, une méthode habituellement sûre.
Trump plus isoléFace aux résultats égrenés, globalement plus favorables à son rival, Donald Trump a crié jeudi une nouvelle fois à la fraude, sans apporter de nouveaux éléments.
"Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l'élection", a-t-il lancé depuis la Maison-Blanche, dans une tirade truffée d'approximations et de contre-vérités sur le décompte en cours.
....hopefully this will be corrected at the Supreme Court of the United States. Also, these late ballots past Election Day are illegal, exactly what the President has been saying. The Supreme Court, in extraordinary circumstances,...
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 6, 2020
....has been able to render decisions in a matter of days.” Ken Starr, former Independent Counsel @Varneyco
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 6, 2020
Son équipe de campagne a prévenu vendredi que l'élection n'était "pas finie", dénonçant "les projections erronées proclamant la victoire de Joe Biden".
Le 45e président des Etats-Unis apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un "vol" du scrutin dont il serait la victime.
"Nous n'avons entendu parler d'aucune preuve", a réagi sur ABC Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey et allié du président, mettant en garde contre le risque d'attiser les tensions.
Chris Christie on Pres. Trump's election remarks: "I talk tonight... as a former U.S. Attorney. There's just no basis to make that argument tonight. There just isn't."
— ABC News (@ABC) November 4, 2020
"I disagree with what he did tonight." https://t.co/GwwRl4EUb3 #ElectionNight pic.twitter.com/PGborH5sCH
Donald Trump "a tort de dire que l'élection a été truquée, corrompue et volée", a tonné le sénateur républicain Mitt Romney, critique habituel du président.
Republican Sen. Mitt Romney says President Trump's rhetoric about a stolen election "damages the cause of freedom here and around the world." https://t.co/9GmLb840XI pic.twitter.com/rPBRaPRnRr
— CNN (@CNN) November 6, 2020
Recours judiciairesLe président a en revanche reçu le soutien de deux autres sénateurs républicains, Lindsey Graham et Ted Cruz. "Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère", a déclaré ce dernier sur Fox News.
I am angry.
— Ted Cruz (@tedcruz) November 6, 2020
The American people are right to be angry.
We need observers.
Now. pic.twitter.com/c8pnMj2jdf
Comme depuis mardi, Joe Biden a une nouvelle fois appelé jeudi au calme et à la patience. "Personne ne nous prendra notre démocratie. Ni aujourd'hui, ni jamais", a-t-il tweeté.
No one is going to take our democracy away from us. Not now, not ever.
— Joe Biden (@JoeBiden) November 6, 2020
America has come too far, fought too many battles, and endured too much to let that happen.
Quelques heures plus tôt, le candidat démocrate s'était dit certain, dans une intervention à la tonalité présidentielle, de sa victoire imminente.
"Je demande à tout le monde de rester calme. Le processus fonctionne, le décompte s'achève et nous saurons très bientôt", avait-il déclaré à Wilmington. "Nous n'avons aucun doute sur le fait que lorsque le dépouillement sera terminé (...) nous serons déclarés vainqueurs."
I ask people to stay calm.
— Joe Biden (@JoeBiden) November 5, 2020
The process is working.
The count is being completed.
Donald Trump avait déclaré dans la première nuit post-élection qu'il avait gagné le scrutin et qu'il ferait intervenir la Cour suprême, restant évasif sur les motifs.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 6, 2020
En réalité, ses avocats ont lancé de multiples actions judiciaires au niveau des Etats, avec par exemple la menace de demander un recomptage dans le Wisconsin.
Les démocrates estiment les plaintes sans fondement, mais ces recours pourraient retarder de plusieurs jours ou semaines l'homologation des résultats.