Ces messages subliminaux du roi au nouveau président algérien

Le Roi Mohammed VI et le nouveau président algérien, Abdelmajid Tebboune. 

Le Roi Mohammed VI et le nouveau président algérien, Abdelmajid Tebboune.  . DR

Dans son message de félicitations au nouveau président algérien, Abdelmajid Tebboune, le roi souligne que l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations bilatérales passe nécessairement par l’instauration d’un «dialogue constructif». Décryptage.

Le 16/12/2019 à 14h01

«Le Souverain réitère son précédent appel pour ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays voisins, sur la base de la confiance mutuelle et du dialogue constructif». Telle est la dernière phrase du bref et néanmoins très allusif message de félicitations adressé par le Roi Mohammed VI au nouveau président algérien, Abdelmajid Tebboune.

Le Souverain a ainsi conclu son message par ce mot de la fin dont l’écho, -les sémiologues de la signification vous le diront-, garde dans les esprits une résonance exceptionnellement forte.

Décryptons: l’excipit du message du Roi au nouveau président algérien participe d’un constat d’une redoutable évidence: ce «dialogue constructif», -préalable à «l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations» entre deux voisins que tout unit (géographie, histoire de lutte anticoloniale commune, liens de sang, de religion, de culture et de traditions), n’existe pas! Et ce ne sont surtout pas les signaux envoyés en direction du Maroc par M. Tebboune, à l’occasion de l’une de ses récentes sorties électorales, qui diront le contraire.

Interrogé par un confrère algérien sur le maintien de la fermeture de la frontière terrestre commune, en dépit des appels insistants du Roi pour sa réouverture, en cohésion totale avec les voeux des deux peuples frères, M. Tebboune a (plutôt) eu recours à la surenchère, arguant faussement que cette question n’était (nullement) liée au conflit du Sahara, pourtant véritable serpent de mer dans les relations bilatérales, poussant le déni jusqu’à tenter de blanchir les deux terroristes franco-algériens, mis en cause dans les attentats de sinistre mémoire perpétrés en 1994 contre l’Hôtel Asni, à Marrakech.

Pire encore, il a poussé l’outrecuidance jusqu’à exiger des autorités marocaines des «excuses officielles» pour avoir simplement voulu protéger les frontières du royaume contre une récidive terroriste!

Cela revient à esquiver le coeur du problème algéro-marocain, qui est intrinsèquement lié à la question non négociable de la souveraineté du royaume sur ses provinces sahariennes.

Le message du Roi participe ainsi de cet esprit de franchise avec le régime voisin, appelé désormais à s'inscrire de facto dans un "dialogue constructif", et oeuvrer du moins pour "le juste retour des choses" dans les relations de deux voisins que rien ne devrait pourtant séparer. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 16/12/2019 à 14h01