Flambée des prix: ce que dit l'opposition de l'intervention d'Akhannouch au Parlement

Le chef du gouverment, Aziz Akhannouch, n'a pas convaincu les députés de l'opposition lors de la séance plénière consacrée aux questions orales mensuelles à la Chambre des représentants, le 18 avril 2022 à Rabat.

Le chef du gouverment, Aziz Akhannouch, n'a pas convaincu les députés de l'opposition lors de la séance plénière consacrée aux questions orales mensuelles à la Chambre des représentants, le 18 avril 2022 à Rabat. . Brahim Mousaaid / Le360

Le 18/04/2022 à 20h38

VidéoLes députés de l’opposition (USFP, MP, PPS, PJD) ont déclarés être peu convaincus par l’intervention du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, sur la manière de résoudre le problème de la flambée des prix, lundi 18 avril 2022, lors de la séance mensuelle consacrée à la politique de l’Exécutif relative à la crise.

Lors de cette séance houleuse, interrompue à trois reprises suite à des échanges de vifs propos entre des députés de la majorité et ceux de l’opposition, Aziz Akhannouch a étalé toute une série d’initiatives que l’Etat a prises, ou prendra, pour soutenir le pouvoir d’achat des citoyens, notamment en matière de prix des produits de premières nécessité (caisse de compensation: sucre, blé, butane), de tourisme, de l’emploi, de l’agriculture.

Il a annoncé un taux de croissance oscillant entre 1,5 et 1,7%, aidé en cela par les dernières pluies qui se sont abattues sur le pays. Malgré ce discours qualifié «d’optimisme exagéré», par les députés de l’opposition, ces derniers ont exprimé leur déception surtout lorsqu’il leur ait apparu que le gouvernement n’instaurera pas le plafonnement du prix des hydrocarbures.

«Nous avons été déçus par les arguments du chef du gouvernement, car les citoyens sont confrontés toujours à la cherté de la vie», a ainsi affirmé Abderrahim Chahid, chef du groupe parlementaire socialiste, reconnaissant toutefois le succès de «certaines mesures» entreprises par l’Exécutif.

Son collègue du MP, Driss Sentissi, abondant dans le même sens, a appelé le gouvernement «à agir plus». Le député du groupe haraki a également suggéré «le plafonnement du prix des carburants et le relèvement des retraites». Quant à Nadia Touhami, elle estime que le discours de Aziz Akhannouch n’a rien apporté comme solution à la flambée des prix.

De leur côté, le député du RNI, Youssef Cheri, et celui du PAM, Mohamed Chrourou, ont défendu la politique du gouvernement. «Akhannouch a apporté un ensemble de précisions au sujet des fausses informations qui ont circulé la semaine dernière sur les réseau sociaux», a affirmé Youssef Cheri. Selon lui le gouvernement a pris des mesures «audacieuses» notamment l’injection de «15 milliards de dirhams supplémentaires à la caisse de compensation et le soutien en faveur de 180.000 transporteurs.

«Le discours d’Aziz Akhannouch est réaliste et franc car la crise que connaît le pays n’est pas le fait d’un bouleversement interne, mais de mutations externes sachant que le pays a connu l’impact du Covid, du changement climatique et de la guerre russo-ukrainienne». «Sur le marché international, le prix du fer, du verre et de l’aluminum ont connu une hausse vertigineuse», a-t-il conclu.

Il faut rappeler que la séance mensuelle d’aujourd’hui a été houleuse. «C’est devenue ici (à la Chambre des représentants, Ndlr) un ring et non pas une séance du Parlement», a martelé le chef de l’Exécutif, avant de tirer à boulets rouges sur le PJD.

S’adressant aux députés islamistes sur un ton ferme, Aziz Akhannouch a déclaré: «c’est votre parti (PJD) qui en dix ans n’a pas pu assurer un stock stratégique des hydrocarbures, c’est votre parti qui a libéralisé le système des hydrocarbures et c’est votre parti au gouvernement qui n’a pas pris de précaution au sujet du gazoduc fermé en octobre 2021».

Sur un ton plus personnel à l’adresse du député Abdellah Bouanou, il a affirmé à ce dernier que «si vous voulez le retour des hydrocarbures dans le giron de la caisse de compensation, mettez-vous d’abord d’accord avec votre président (Abdelillah Benkirane), puis revenez me voir après».

Par Mohamed Chakir Alaoui et Brahim Moussaaid
Le 18/04/2022 à 20h38