Mali: comment Alger a introduit des membres du Polisario parmi sa délégation

Le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra (à d.) serre la main de Bilal Ag Acherif, le Secrétaire général du mouvement touareg malien MNLA, le 19 février 2015 à Alger

Le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra (à d.) serre la main de Bilal Ag Acherif, le Secrétaire général du mouvement touareg malien MNLA, le 19 février 2015 à Alger . DR

Des éléments du Polisario figurent parmi les membres de la délégation dépêchée par Alger à Bamako dans le but prétendu de dynamiser «l’accord de paix inter-malien». Décryptage.

Le 21/06/2016 à 14h46

Alger veut une contrepartie au semblant d’«accord de réconciliation» conclu sous sa supervision il y a un an entre les parties maliennes au conflit. C’est ce qui ressort de cette manœuvre orchestrée et mise en œuvre par Ramtane Lamamra, depuis son arrivée dimanche dernier dans la capitale malienne, Bamako, dans le cadre du suivi dudit accord. "Des éléments du Polisario figurent bel et bien parmi la délégation algérienne en déplacement à Bamako", révèlent des sources de Le360 sous le sceau de l’anonymat.

Mais que viennent faire des éléments du Polisario dans une délégation dépêchée dans le cadre d’une affaire de «médiation» que personne d'ailleurs n’a demandé à Alger et à laquelle personne, ou presque, ne fait d’ailleurs foi? En effet, Alger n’a pas offert ses «bons offices» à Bamako pour rien. Habituée au jeu des transactions les plus sordides -l’achat des soutiens africains à l’entité séparatiste du Polisario-, Alger est bel et bien en train de chercher auprès de Bamako une contrepartie à son rôle dans «l’accord de paix inter-malien» !

En contrepartie: un rétablissement des relations entre le Polisario et les autorités de Bamako, quoique ces dernières aient déjà marqué leur réprobation à l’endroit du front séparatiste, notamment pour ses activités interlopes avec les narco-terroristes essaimant dans le nord du Mali.

Abou Adnan al-Sahraoui, polisarien à la tête du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), Lyad Ag Ghali (algérien à la tête des soi-disant Ensar Eddine), Mokhtar Belmokhtar (Al-Qaïda au Maghreb islamique)… autant de groupes avec lesquels le Polisario entretient des liens forts, certifiés par les renseignements occidentaux mais aussi par le Mali, premier concerné, qui, bien qu’il ait reconnu la RASD en 1980, n’a jamais autorisé l’ouverture d’une représentation diplomatique des séparatistes à Bamako.

Pour rappel, une délégation du Polisario avait essayé de réchauffer les relations avec les autorités maliennes lors d’un voyage en octobre 2013, un peu plus d’un mois après la première visite du roi Mohammed VI au Mali. Cette délégation a été simplement boudée par les officiels maliens! Idem en 2014, précisément au mois d’avril, quand les autorités maliennes avaient refoulé une seconde délégation du Polisario arrivée au Mali avec des passeports algériens et sous la bannière d’une ONG bidon dite «Entraide».

Pour précision, les relations entre le Polisario et Bamako se sont beaucoup détériorées durant la période 2010-2013 en raison de l’implication avérée d’éléments du Polisario dans des affaires de rapt d’occidentaux, de terrorisme et de trafic de drogue.

Par Ziad Alami
Le 21/06/2016 à 14h46