Marocanité du Sahara: Washington va-t-elle, enfin, franchir le pas?

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, et le Secrétaire d’Etat US, Michael Pompeo.

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, et le Secrétaire d’Etat US, Michael Pompeo. . DR

Des bruits de couloir en provenance d’outre-Atlantique laissent entrevoir la possibilité que l’Administration Trump reconnaisse la marocanité du Sahara. Décryptage.

Le 04/02/2020 à 12h05

«Israël pousse Trump à soutenir le Maroc sur le Sahara occidental», titre le site d’information américain AXIOS, évoquant un «accord» israélo-américain qui «permettrait aux États-Unis de reconnaître la souveraineté marocaine au Sahara occidental» en contrepartie de la normalisation par le Maroc de ses relations avec Israël! 

Le très sérieux Axios, du grec «digne», «méritant», fait état d'"intensfication de contacts entre le premier ministre israélien Netanyahu et les Marocains, après une réunion secrète avec le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita en marge de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre 2018", à la faveur d'une médiation initiée par l'homme d'affaires marocain de confession juive, Yariv Elbaz, proche collaborateur de Jared Kushner, conseiller et gendre du président Trump, venu en août dernier à Rabat solliciter l'appui du Maroc au Plan de Paix américain pour le Proche-Orient.

«Le royaume apprécie les efforts constructifs de paix, déployés par l’administration américaine actuelle, en vue de parvenir à une solution juste, durable et équitable au conflit» israélo-palestinien, a dernièrement salué le Maroc, via son MAECI, Nasser Bourita, en réaction au "Plan de Paix" présenté par le président Trump, en vue du règlement du conflit Proche-Oriental.

Force est de constater que le soutien marocain aux «efforts constructifs de paix, déployés par l’administration américaine actuelle» n'est pas un chèque en blanc, il est est fonction des garanties offertes par cette même administration américaine pour parvenir à «une solution juste, durable et équitable» au conflit israélo-palestinien.

La position US sur le conflit créé autour du Sahara excipe également d’une conviction de plus en plus partagée de la nécessité de trouver une issue politique réaliste, à ce différend plus que quarantenaire, en lieu et place du statu quo mortifère voulu par Alger et le front séparatiste du polisario, au détriment de la stabilité d’une région déjà mise à mal par le chaos libyen et des groupes jihadites de tous poils, essaimant ça et là dans cette région devenue une véritable poudrière.

"La situation sécuritaire dans la région rend le conflit une urgence à régler", avait indiqué en août 2019 "The Wall Street Journal", en faisant état du rejet catégorique par Washington de "l'option d'indépendance" prônée par Alger et le polisario. "Le risque de toute tentative de faire dérailler le processus onusien risque d'entraîner le mécontentement et l'instabilité dans une des régions des plus stables, au regard des nombreux foyers de tensions et d'instabilité aujourd'hui dans le monde", avait averti la prestigieuse publication américaine. 

Washington n'a d'ailleurs jamais fait mystère de son soutien à l'Initiative marocaine pour l'octroi d'un statut d'autonomie au Sahara, à la base du lancement du processus de Manhasset, en avril 2007. Une position qui est d'ailleurs corroborée par les résolutions du Conseil de sécurité, qui a toujours souligné le caractère "sérieux" et "crédible" des efforts déployés par le royaume pour ménager une issue politique au conflit créé autour de ses provinces sahariennes. 

Il ne serait donc pas étonnant que cette position se traduira par une reconnaissance de facto de la marocanité du Sahara, non seulement par Washington, mais par la communauté internationale, dont la patience est véritablement mise à rude épreuve par le cramponnement d'Alger et du polisario à l'option "indépendantiste" éculée et non pratiquable. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 04/02/2020 à 12h05