Projet de loi 22-20 sur les réseaux sociaux: l'USFP se dédouane et impute la responsabilité des fuites aux ministres PJD

Driss Lachgar.

Driss Lachgar. . DR

L’USFP a fini par s’exprimer au sujet du projet de loi 22-20 sur les réseaux sociaux. Le parti de Driss Lachgar dédouane son ministre à la Justice et impute, implicitement, la responsabilité des fuites aux ministres du PJD. Explications.

Le 30/04/2020 à 15h18

Le PAM et l’Istiqlal ont opté pour des communiqués de leurs directions pour s’exprimer sur le projet de loi 22-20 relatif aux réseaux sociaux. Le PPS a choisi de diffuser une vidéo de son secrétaire général, Nabil Benabdallah, sur la page Facebook officielle du parti.

L’USFP, membre de la coalition gouvernementale, et dont le ministre de la Justice, Mohamed Benabdelkader, assume la «paternité» de ce projet de loi, a choisi sa presse officielle pour livrer des explications.

Dans un long éditorial intitulé «Vérités et clarifications au sujet du projet de loi sur les réseaux sociaux», publié dans l’édition de ce jeudi 30 avril d'«Al Ittihad Al Ichtiraki», les socialistes donnent leur point de vue.

L’éditorial commence par rappeler le contexte dans lequel le projet de loi a été soumis au Conseil de gouvernement. Soit le 19 mars dernier, à la veille de l’instauration de la première phase du confinement (20 mars-20 avril).

L’USFP explique que les travaux de ce Conseil de gouvernement du 19 mars se sont déroulés dans un esprit de responsabilité et de mobilisation pour que rien ne vienne entacher l’image du pays aux prises avec la pandémie. 

Les socialistes affirment que, dans cet esprit de responsabilité, la majorité des ministres ont observé un droit de réserve qui leur interdit de révéler la teneur des délibérations en conseil de gouvernement. 

«Le ministre ittihadi {Mohamed Benabdelkader, Ndlr} a refusé de répondre à nos questions partisanes», révèle l’éditorial. C’est-à-dire que, même en interne, les socialistes ne sont pas parvenus à en savoir plus sur ce projet de loi que porte leur ministre à la Justice.

L’éditorial passe par la suite aux accusations, à peine dissimulées, contre les ministres issus des rangs du PJD, sans toutefois les nommer, mais qu'il est possible de deviner l'identité. Il évoque «ce ministre» qui s’était étalé sur les réseaux sociaux au sujet de ce projet de loi, allant jusqu’à révéler les positions des uns et des autres au sein du gouvernement. Cet éditorial ne le nomme pas, mais l’allusion est claire et fait référence à Mostafa Ramid, l’un des ministres islamistes les plus actifs sur les réseaux sociaux, tout particulièrement sur Facebook.

L’USFP désigne un autre ministre responsable de fuites, mais sans le nommer lui non plus. L’éditorial parle de ce responsable qui s’est permis de s’exprimer publiquement sur les ponctions sur les salaires des fonctionnaires qui allaient être versées au Fonds spécial (1 jour par mois, sur trois mois). Là aussi, il est aisé de deviner qu’il est question de Mohamed Amekraz, ministre du Travail, issu du PJD. 

Et l’USFP d’enfoncer le clou en rappelant que ces pratiques n’ont rien à voir avec les coutumes d'hommes d’Etat.

Pour en revenir à ce projet de loi controversé, l’USFP affirme qu’il a fait l’objet d’une élaboration collective, censée engager tout le gouvernement.

Mais aussi et surtout qu’on ne peut pas, en l’état actuel de la situation, évoquer un véritable projet de loi, tant que le texte définitif n’a pas quitté les arcanes du gouvernement, pour emprunter le circuit constitutionnel et habituel de son adoption.

Par Mohammed Boudarham
Le 30/04/2020 à 15h18