Remaniement: les PJDistes bombent le torse, nouvelle crise gouvernementale en vue

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Revue de presseKiosque360. Alors que le gouvernement remanié n’a pas encore bouclé son premier mois, les déclarations provocatrices des membres du PJD, qui chapeaute pourtant la majorité, risquent de faire couler le navire.

Le 21/10/2019 à 19h43

Le navire gouvernemental, qui n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière après le dernier remaniement, risque de vaciller. D’ailleurs, au lendemain de son installation, les passes d’armes médiatiques entre les leaders des deux principales composantes de la majorité ont failli faire couler le navire. Juste après cette zone de turbulences, le Parti de la justice et du développement (PJD), qui a d’ailleurs été le premier à tirer, à peine vingt-quatre heures après le remaniement, par la voix de son secrétaire général, Saâd-Eddine El Othmani, sur son rival, est revenu à la charge. Et, cette fois, c’est le secrétaire régional du PJD dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, Abdelali Hamieddine, qui a pris le relais pour charger ses alliés au gouvernement.

Selon le quotidien Assabah, qui se penche sur ce sujet dans son édition de ce mardi 22 octobre, les déclarations du secrétaire régional de la Lampe dans la région de Rabat-Salé-Kénitra puisaient dans le même registre d’orgueil, d’égocentrisme politique et de calculs politiciens, tout en rabaissant ses adversaires. Ainsi, il s'est vanté, devant les militants de la Lampe, en affirmant que le remaniement n’avait pas eu d’impact sur le Parti de la justice et du développement (PJD), qui en est sorti vainqueur. Ce qui laisse entendre que la logique de l’alliance a cédé la place à celle du vainqueur/vaincu. La nomination du secrétaire national de la jeunesse du PJD au gouvernement a également été utilisée comme une arme pour tirer sur les autres et non comme le fruit de concertations dans le cadre d’une alliance politique, digne de ce nom, pour servir l’intérêt général plutôt que les appétits partisans. Et, pour enfoncer davantage le clou, le leader de la Lampe a appelé les siens à combattre cet «autre» en le mettant sur l’axe de la corruption, de la démagogie et des polémiques visant les symboles de la Lampe.

En évoquant le mal dans son discours, Hamieddine laisse entendre que l’ennemi est dans la demeure gouvernementale. Ses déclarations, fait remarquer le quotidien, s’alignent sur celles de son secrétaire général qui a vanté une victoire sur ce qu’il a appelé, dans son discours, la rente, en faisant clairement allusion au Rassemblement national des indépendants (RNI), qui n’aurait pas honoré ses promesses envers les jeunes, comme l’a fait la Lampe. Et le quotidien de faire remarquer qu’en dépit de l’accouchement de la montagne du remaniement d’un gouvernement réduit, sans secrétaires d’Etat, le PJD est sorti vainqueur puisqu’il a réussi à attaquer ses alliés par l’arme des technocrates qui auraient pris des places dans leur camp, comme ce fut le cas du ministère de la Santé, tout en mettant à profit celle de la ministrabilité pour renforcer les rangs du parti en casant le secrétaire national de la jeunesse du parti au sein du gouvernement. Tout compte fait, laissent entendre aujourd’hui les déclarations des leaders du PJD, le parti de la Lampe est sorti vainqueur sur les plans politique et organisationnel. En vantant cette victoire et, surtout, au vu de la manière dont ils le font et des discours qu’ils tiennent dans ce sens, les leaders de la Lampe risquent de faire sauter le navire gouvernemental.

Par Mohamed Younsi
Le 21/10/2019 à 19h43