Sahara marocain: 22 ans de batailles diplomatiques

Nasser Bourita et son homologue togolais Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Togolais de l’extérieur, à l'inauguration du consulat général de la République du Togo à Dakhla, le 21 juillet 2022.

Nasser Bourita et son homologue togolais Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Togolais de l’extérieur, à l'inauguration du consulat général de la République du Togo à Dakhla, le 21 juillet 2022. . DR

Revue de presseKiosque360. Après le cessez-le-feu de 1991, puis l’échec de l’organisation d’un référendum au Sahara, le Maroc a mené d’importantes batailles diplomatiques, de 2000 à 2022.Il a ainsi réussi à engranger d’importants soutiens à l’international et d’asseoir sa souveraineté sur son Sahara. Cet article est une revue de presse d’Al Ahdath.

Le 04/11/2022 à 09h06

Dans un «Spécial» consacré au 47e anniversaire de la Marche verte, le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia, dans une livraison datée des 4, 5 et 6 novembre, est revenu sur les batailles diplomatiques que le Maroc a eu à livrer au Conseil de sécurité de l’ONU pour défendre sa souveraineté sur son Sahara.

Certes les armes se sont tues depuis 1991, mais le référendum préconisé par l’ONU et accepté par le Maroc n’a finalement pas pu être organisé à cause des manœuvres de l’Algérie et du Polisario qui ont tout fait pour empêcher l’inscription des Sahraouis marocains sur les listes électorales, rappelle Al Ahdath. Cette option de règlement fut finalement jugée irréalisable, comme l’a conclu l’envoyé spécial de l’ONU à l’époque, le Néerlandais Peter Van Walsum. Son abandon a été confirmé par la résolution 1292 du Conseil de sécurité de l’ONU 29 février 2000, selon laquelle la MINURSO, nonobstant le maintien de son nom, sera désormais chargée de la seule surveillance du cessez-le-feu au Sahara où le SG de l’ONU, feu Koffi Annan, a également appelé à trouver une solution définitive et acceptée par toutes les parties au conflit.

Cet appel onusien est une importante victoire diplomatique pour le Maroc, car il a conduit à l’émergence de l’idée d’une solution politique défendue par le Royaume, même si les plans I et II de James Baker, qui fut un temps envoyé spécial de l’ONU au Sahara, n’en sont qu’une pâle copie.

Al Ahdath liste d’ailleurs toute une liste de résolutions onusiennes, adoptées au début des années 2000, qui vont dans le sens de la recherche d’une solution politique, avant que le Maroc ne présente officiellement, en 2007, son plan d’autonomie au Sahara, comme solution de règlement à ce conflit factice. Le vaste soutien que ce plan reçut à l’international fut également une grande victoire diplomatique pour le Maroc.

Cependant, Al Ahdath revient sur l’épisode de la tentative algérienne de tuer dans l’œuf ce plan, en se faisant aider de la complicité de Christopher Ross, ancien ambassadeur US à Alger, devenu envoyé spécial de l’ONU au Sahara.

Profitant du vent de liberté qui a commencé à souffler sur le Maroc avec le nouveau règne, l’Algérie, après l’abandon du référendum au Sahara, a joué à fonds perdus sur le palier des droits de l’Homme, en tentant de transformer la MINURSO, avec l’aide de Chrisopher Ross, en mission de surveillance des droits de l’homme au Sahara marocain.

Christopher Ross se fera même le porte-parole de l’Algérie auprès de l’administration américaine pour lui faire écrire un projet de résolution onusienne qui chargerait la MINURSO de faire des rapports annuels sur la situation des droits de l’homme au Sahara marocain et à Tindouf.

La réponse du Maroc à ce projet machiavélique fut cinglante, non seulement à travers la réduction drastique et le renvoi du personnel de la MINURSO présent au Sahara marocain, mais à travers une mobilisation unanime et sans précédent du front intérieur. Hautes autorités du pays, gouvernement, parlement, partis politiques, médias, société civile ont dit d’une seule voix que l’intégrité territoriale du Maroc ne peut nullement faire l’objet du moindre marchandage, ce qui fit revenir immédiatement en arrière les promoteurs de ce projet de résolution mort-né, surtout que les relations américano-marocaines allaient en prendre un sérieux coup (suspension des accords de libre-échange, des manœuvres d’African Lion, boycott de l’ambassadeur US à Rabat…).

Cette pression diplomatique du Maroc, fort de son front intérieur soudé, a finalement porté ses fruits puisque le 25 avril 2013, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté sa résolution 2099, sans mentionner un quelconque élargissement de la mission de la MINURSO qui, restera jusqu’à aujourd’hui concentrée sur la surveillance du cessez-le-feu dans la région.

Cette mobilisation intérieure qui a fait plier les Américains est l’un des plus grands succès de la diplomatie marocaine, dont le summum a été atteint, en 2020, avec la reconnaissance de la marocanité du Sahara par Washington.

Al Ahdath ajoute que le soutien international, dont celui du SG de l’ONU, à l’intervention pacifique de l’armée marocaine, qui a délogé le Polisario d’El Guerguerat, le 13 novembre 2020, constitue une énième victoire diplomatique, sans parler de la bataille des dizaines de consulats que plus d’une trentaine de pays ont ouvert ces trois dernières années dans les plus grandes villes du Sahara marocain (Laâyoune et Dakhla). D’ailleurs, ajoute Al Ahdath, sur les 193 Etats membres de l’ONU, l’Algérie est le seul pays à avoir dénoncé l’ouverture souveraine de ces consulats dans les villes du Sahara marocain.

Autre preuve de la déconfiture de la diplomatie algérienne sous les coups de boutoir de son homologue marocain, c’est que ces deux dernières années, Alger a pris la mauvaise habitude de rejeter systématiquement les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara. Et pour cause, elle y est désignée comme principale partie prenante qui doit retourner au processus des tables-rondes pour aider à trouver une solution politique et réaliste sur la base du seul plan marocain d’autonomie.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 04/11/2022 à 09h06