Un général espagnol révèle les dessous de l’entrée illégale de Brahim Ghali en Espagne

Le chef du front Polisario, Brahim Ghali.

Le chef du front Polisario, Brahim Ghali. . DR

Revue de presseKiosque360. Le général José Luis Ortiz-Cañavate, chef de la base militaire de Saragosse où avait atterri l’avion algérien qui transportait Brahim Ghali, a révélé que c’est le ministère des Affaires étrangères qui avait demandé à ce que les passeports des passagers ne soient pas contrôlés.

Le 04/07/2021 à 20h15

La déclaration faite par l’armée de l’air espagnole qui révèle avoir reçu des instructions du ministère des Affaires étrangères pour ne pas contrôler le passeport du chef des séparatistes, à sa descente de l’avion, suscite une grande polémique en Espagne. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du lundi 5 juillet, que le journal El Español souligne que le département d’Arancha González Laya a violé l’accord de Schengen en accueillant Brahim Ghali, alias Benbatouche. De son côté, le journal La Razon affirme que l’on n’a pas permis au commandant de la base militaire de Saragosse d’avoir plus de détails sur ce vol, si ce n'est qu’il transportait un malade portant un passeport algérien.

Le général José Luis Ortiz-Cañavate l’a notifié dans un rapport adressé au juge du tribunal qui enquête sur l’entrée de Brahim Ghali sur le sol espagnol avec une fausse identité. Le chef de la base révèle qu’il a reçu, par téléphone, un ordre émanant de la division des relations internationales de l’armée qui lui a intimé de ne pas soumettre les passagers de l’avion algérien à un contrôle de passeport et de douane. Le journal El Espanol souligne que la justice espagnole a demandé de lui fournir le nom du responsable du cabinet de la ministre des Affaires étrangères qui avait demandé à la direction de l’armée de ne pas soumettre l’avion algérien au protocole d’inspection en vigueur.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que la déclaration du général Ortiz-Cañavate a mis dans l’embarras la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya. Le même journal indique que la diplomate risque d’être poursuivie pour violation de la règlementation de Schengen qui exige des pays de l’UE de contrôler les passeports de tous les voyageurs non européens. Le Parti populaire (PP, opposition) a appelé le Congrès des députés à convoquer la ministre des Affaires étrangères et sa collègue de la Défense pour les interroger sur l’enquête judiciaire menée sur cette affaire par le tribunal de Saragosse. Les députés du PP ont appelé à tenir une séance extraordinaire de la commission des Affaires étrangères pour discuter des «mensonges qui ont entouré l’entrée légale du chef des séparatistes en Espagne».

Le journal Voz Populi indique que la ministre des Affaires étrangères pourrait être la victime de la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. Il est fort probable, ajoute la même publication, qu’elle sera remplacée lors du remaniement ministériel que le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, compte opérer à la mi-juillet. Une information confirmée par plusieurs médias espagnols qui évoquent le nom du ministre de l’Agriculture, luis Planas, et celui de l’ambassadeur d’Espagne en France, José Manuel Albares, pour prendre la tête de ce département. Un changement qui vise à rétablir la confiance avec le Royaume chérifien, tout en nommant Sanchez Gonzales Laya à un autre poste pour ne pas donner l’impression que le Maroc est sorti vainqueur de cette crise.

Par Hassan Benadad
Le 04/07/2021 à 20h15