Sidérurgie: Importez, mais pas trop!

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Revue de presseKiosque360. L'Etat distribue les contingents sur les tôles d'acier de l'Union Européenne. Sur 112.000 tonnes demandées, il n'octroie que 22.000 tonnes d'avance d'importation. Les détails.

Le 05/07/2016 à 00h00

C'est la période des grands soldes à l'import dans l'industrie de l'acier. Dans le cadre de l'exécution des mesures de sauvegarde, une Commission interministérielle vient de livrer les avances d'importation autorisées aux industriels/importateurs de tôle laminée à froid et tôle plaquée ou revêtue en provenance de l'Union européenne. Pour les opérateurs nationaux, le rush a fini sur des résultats décevants. Sur une requête globale déposée en deux phases pour un volume de 112.000 tonnes, l'Etat n'a octroyé que près de 22.000 tonnes à importer.

Dans le détail, ce sont quelque 96.000 tonnes qui ont été soumises en termes de demandes d'importation pour le contingent du second semestre de l'année en cours. Un peu plus de 20.000 tonnes ont été redistribuées par les autorités du commerce extérieur. Ces requêtes ont été déposées par plusieurs gros acteurs du marché de la transformation de l'acier tels que Batifer, Robelbois, Tube&Profil, Maroc Bureau Longofer. C'est d'ailleurs ce dernier opérateur qui s'octroie le plus gros volume, près de 4.000 tonnes sur une demande d'importation de 5.500 tonnes pour cette seconde moitié de l'année. Il est suivi par Somacham et Tube&Profil, avec respectivement 2.546 et de 2.100 tonnes, pour des requêtes de 5.500 à 8.000 tonnes. Ces volumes octroyés seront exonérés du droit additionnel ad valorem de 20% institué par la mesure de sauvegarde mise en place en mai 2015, sur demande des acteurs de la filière locale de la sidérurgie, avec Maghreb steel en tête. Une enquête menée par les autorités du commerce extérieur avait en effet répondu favorablement à la saisine opérée par les producteurs nationaux, souligne l'Economiste dans son édition du mardi 5 juillet.

La mesure de sauvegarde définitive sera appliquée pour une durée de quatre ans avec une libéralisation progressive, étalée sur cette échéance. Officiellement, elle est censée protéger l'industrie locale, mais plus particulièrement soutenir la restructuration du géant sidérurgiste Maghreb steel. La mise en place de cette mesure fait partie du package négocié dans le cadre du deal tripartite -Banque, Etat, actionnaire de référence- de relance des activités de la société. Selon les experts du ministère, l'industriel a connu une détérioration notable de ses indicateurs, matérialisée par la réduction de la production laminée à froid et des tôles plaquées ou revêtues, sur la période 2010-2014. L'argument de la mauvaise qualité des produits de la filière locale, rejeté par Maghreb steel, est le plus souvent évoqué par les industriels qui préfèrent s'approvisionner sur les marchés étrangers.

Le bras de fer est engagé, même si la tutelle semble avoir déjà choisi son camp. Dans une récente sortie, le ministre de l'Industrie, Moulay Hafid Elalamy, a ouvertement déclaré la guerre au dumping international et aux importations excessives qui, selon lui, ont eu jusque-là des effets destructeurs sur l'industrie marocaine.

Par Sanae El Asrawi
Le 05/07/2016 à 00h00