UE: quelle confiance dans les médias?

La perception des médias varie selon les pays.

La perception des médias varie selon les pays. . Dr

Respectés au Nord, en Finlande, au Danemark ou aux Pays-Bas, décriés au Sud, par les Grecs, les Français et les Espagnols: une étude dévoilée par la Commission européenne révèle le gouffre qui sépare les Européens dans leur perception, globalement mitigée, des médias.

Le 17/11/2016 à 23h13

Selon cette étude sur "Le pluralisme des médias et la démocratie", une courte majorité des citoyens de l'Union européenne estime que les médias de leur pays respectif diffusent une information "digne de confiance" (53%).

Mais ils restent 44%, soit près d'un sur deux, à penser le contraire, un chiffre à rapprocher de celui d'un récent sondage Gallup mené Etats-Unis, selon lequel 32% seulement des Américains font confiance aux médias pour "donner des informations de manière complète, juste et précise".

"Ces résultats mettent en évidence qu'aux yeux des Européens, il reste encore un travail considérable à faire pour assurer l'indépendance des médias, pierre angulaire de la démocratie dans l'Union européenne", résume l'institut TNS Opinion, qui a mené ce sondage.

Réalisée entre le 24 septembre et le 3 octobre, bien avant l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis qui a cristallisé de vives critiques envers les médias, les poussant à mener une introspection sur leur couverture de la campagne, cette étude met en évidence de grandes divergences entre les Etats membres.

En tête des pays qui font le plus confiance à la presse, trois Etats scandinaves, la Finlande (88%), le Danemark (77%) et la Suède (77%), suivis par les Pays-Bas (73%).

De l'autre côté du spectre, les Grecs, les Français et les Espagnols sont, respectivement, 73%, 63% et 59% à se méfier de la fiabilité des informations qui leur sont délivrées.

Deux groupes de pays qui s'opposent sur pratiquement chacune des questions de ce sondage monumental, pour lequel près de 28.000 personnes "de différentes catégories sociales et démographiques" ont été interrogés en face-à-face, à leur domicile, dans les vingt-huit pays de l'UE.

- Exception britannique -

Les médias sont-ils indépendants "des pressions commerciale et politique"? "Oui", répondent 78% des Finlandais, 61% des Danois et 61% des Néerlandais. "Non", estiment 87% des Grecs, 71% des Espagnols et 69% des Français.

Les Européens, dans leur ensemble, penchent plutôt en faveur du Sud: 57% considèrent l'information soumise aux pressions.

La presse propose-t-elle assez de "diversité de vues et d'opinions" ? "Oui", pense-t-on en Finlande (85%), aux Pays-Bas (84%) et au Danemark (82%). "Non", répondent 52% des Grecs, 41% des Français et 41% des Espagnols.

Les Européens, cette fois-ci, optent pour le Nord: 66% d'entre eux considèrent les médias de leur pays suffisamment pluralistes.

Exception notable à ces disparités géographiques, les Britanniques qui semblent placer une confiance limitée dans leurs médias, ce qui les positionne plutôt du côté des pays du sud de l'Europe.

De fait, la victoire des partisans d'un Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l'Union, le 23 juin, une autre "surprise" que la plupart des grands médias avaient mal anticipé, a également soulevé des questions et des doutes dans l'opinion publique.

L'Allemagne, elle, n'est jamais bien loin des pays scandinaves, tandis que les réponses italiennes sont souvent proches de celles des Européens dans leur ensemble.

Dans le détail, les Européens sont 66% à considérer la radio comme un média fiable, suivie par les journaux et la télévision (55% chacun) et les réseaux sociaux (32%).

Seuls les Polonais sont une majorité (53%) à considérer les réseaux sociaux comme un média sûr, contrairement, une fois encore, aux Scandinaves et aux Néerlandais, rejoints cette fois-ci par les Français, qui ne sont que 19% à leur faire confiance.

"On ne peut malheureusement plus considérer des médias libres et pluralistes pour acquis", a déploré jeudi le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, au cours d'un colloque sur les droits fondamentaux.

"Ce défi a un impact profond sur la manière dont fonctionnent nos sociétés", a-t-il reconnu.

Le 17/11/2016 à 23h13