Santé: l'apnée du sommeil ou quand dormir n'est pas de tout repos

Mohammed El Ibrahimi, pneumologue et président de la FMMSV.

Mohammed El Ibrahimi, pneumologue et président de la FMMSV. . Le360 : Adil Gadrouz

Une personne qui ronfle est potentiellement en danger. C’est le cri d’alarme lancé par la Fédération marocaine de médecine de sommeil et vigilance (FMMSV) qui souhaite sensibiliser le public sur l’apnée du sommeil. Une maladie qui est directement liée à l'augmentation des accidents de la route.

Le 03/04/2016 à 13h22

L’apnée du sommeil est une maladie sournoise méconnue et sous diagnostiquée qui se caractérise par des arrêts respiratoires pendant le sommeil. Elle se manifeste par des ronflements qui sont la conséquence de l’obstruction partielle ou totale des voies aériennes supérieures.

Ces arrêts respiratoires intempestifs provoquent le plus souvent une somnolence diurne qui entraîne ensuite un manque de vigilance et une somnolence. Une sensation de fatigue générale s’installe chez la personne atteinte mais le syndrome de l’apnée du sommeil peut aussi provoquer des complications cardio-vasculaires et reste un terrain fertile pour l’obésité, le diabète ou encore l’hypertension artérielle.

Autre conséquences de cette somnolence diurne: une diminution de la productivité au travail et, plus grave encore, une augmentation des accidents sur la voie publique. Ainsi, le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC) a établi que près de 20% des accidents de la route sont causés par le manque de sommeil. «On a remarqué sur les cinq dernières années, qu’au moins 17% des accidents impliquaient un seul véhicule sur la route. C’est un véritable phénomène qu’il faut combattre», confie un responsable du CNPAC.

Les symptômes de la maladie s’installent de façon très progressive et les épisodes d’endormissement involontaire ne sont pas toujours perçus, ou parfois interprétés comme un simple signe de fatigue. Ce syndrome touche petits et grands mais certains médicaments comme les tranquillisants, les somnifères ou encore la consommation d’alcool le soir contribuent souvent aux ronflements.

Retse que dans les cas les plus sévères, une assistance respiratoire s’avère indispensable. Le malade est alors obligé de dormir avec un masque nasal lié à un appareil soufflant de l’air qui maintient ses voies respiratoires ouvertes en permanence. Un traitement très contraignant!

Autre conséquence grave: le risque d’infarctus et d’attaque cérébrale est plus élevé chez les personnes qui ont un syndrome d’apnées du sommeil. Des complications qui expliquent que, non traitée, la maladie diminue l’espérance de vie.

Malgré le caractère souvent très impressionnant des bruits émis au cours du sommeil, il est fréquent que les personnes atteintes banalisent ce qui leur arrive, et ont beaucoup de mal à consulter un médecin. «95% des cas ne sont pas diagnostiqués parce qu’on n’y pense pas tellement. Le ronflement, en tout cas, n’est pas un signe de bonne santé nocturne», explique Mohamed Ibrahimi, pneumologue et président de la Fédération marocaine de médecine du sommeil et de la vigilance (FMMSV).

On estime que 7% de la population mondiale est touchée par le syndrome d'apnée du sommeil et le trouble respiratoire du ronflement touche 1 homme sur 2 et 4 femmes sur 10 à partir de 60 ans. Au Maroc, peu de chiffres circulent sur la maladie, ce qui a incité les membres de la Fédération à lancer une enquête nationale à travers les réseaux sociaux. La Fédération a également déployé des actions de sensibilisation grand public et lancé des campagnes de dépistage des troubles du sommeil. Cette enquête permettra d'avoir une meilleure idée de l’ampleur de la maladie au sein de la population et contribuera à terme à prévenir et diminuer le nombre d'accidents.

Infos: FMMSV. 5 rue Ibn Babik, Racine, Casablanca. Tél. 06 67 45 45 30.

Par Driss Douad
Le 03/04/2016 à 13h22