La coalition gouvernementale fragilisée par le clash entre le PJD et le RNI

Brahim Taougar Le360

Pour se maintenir à la présidence du Conseil de la ville de Tétouan, le PJD a sacrifié l’une des figures de proue RNI et pactisé avec le PAM. Un coup dur pour le principe de la solidarité gouvernementale!

Le 12/09/2015 à 19h15

Rachid Talbi Alami, candidat à la présidence du Conseil de la ville de Tétouan, a été "lâché" par le PJD. Le principal allié gouvernemental du RNI n'a pas trouvé mieux que de s'allier avec le PAM pour garder la présidence du Conseil de la ville.

Afin de garder la présidence du Conseil de la ville de Tétouan pour un deuxième mandat consécutif, le PJD a dû faire faux bond à ses alliés du RNI, sacrifier l’un de leurs hommes forts, à savoir Rachid Talbi Alami, et tendre la main à un parti qu’il jurait abhorrer : le PAM.

Cette volte-face, qui a été qualifiée de "trahison politique" par les partisans de Rachid Talbi Alami et de « contraire à la logique de l’alliance gouvernementale » par lui, constitue l’une des premières estafilades que le parti de la Lampe a faite au principe de la solidarité gouvernementale au nom des intérêts partisans les plus étriqués.

Talbi Rachid Alami a certes commis l'erreur de déposer sa candidature mercredi 9 septembre à la dernière minute (23h10) et d’avoir oublié d'en informer ses alliés, mais il n'en demeure pas moins que le bon sens politique aurait dû pousser le PJD à soutenir le numéro 2 du RNI. Ne serait-ce que parce que ce dernier ne manquera pas d’arbitrer la lutte pour la présidence de la région du Nord que l’indécrottable PAMiste qu’est Ilyass El Omari livrera au PJDiste et néanmoins chef de laCommission parlementaire des Finances, Saïd Khairoune.

Echange de gracieusetésLe PJD se défend d’avoir frappé le RNI dans le dos et rétorque en reprochant au numéro 1 du parti de la Colombe, Salaheddine Mezouar et à son Bureau politique d'avoir coupé l'écoute en mettant leurs téléphones aux abonnés absents durant les trois jours qui ont suivi le scrutin du 4 septembre.

Suite à quoi, les deux partis ont tiré plusieurs salves l'un sur l' autre. Ainsi Abdelali Hamieddine est-ils monté au créneau pour accuser le RNI de se livrer «à du chantage». Ce que ce dernier a rejeté en défendant bec et ongles la candidature de Rachid Talbi Alami, en dénonçant «le chantage indirect dont est victime le RNI à travers des campagnes médiatiques» et en rappelant que «l’accord de la majorité accorde la priorité aux alliances au sein de la coalition».

Ce à quoi une source proche du patron du PJD, Abdelillah Benkirane, a rétorqué que l'alliance avec le PAM découle d’une contrainte due au fait que le RNI n’a pas communiqué, durant plusieurs jours, ses véritables intensions concernant Tétouan. "C'est une alliance de proximité (PJD-PAM) entre des élus locaux qui connaissent bien la réalité du terrain. Elle n'est pas politique. Le problème, c'est qu’aucune alliance n'a pas pu être scellée avec le RNI à Tétouan du fait que Talbi Alami n'a annoncé son intention et ses ambitions électorales qu'au dernier moment".

L'entourage de Benkirane a également affirmé que les élus locaux du PJD avaient certes reçu pour consigne de ne conclure d’alliance qu’avec les représentants de la coalition gouvernementale, mais que concernant Tétouan, "Nous avons attendu trois jours sans avoir de réponse". Une source du parti de la Lampe nous a déclaré à ce propos que "Benkirane a fermé le dossier de Tétouan et il ne veut plus en parler. Il a été convaincu par l'explication donnée par Mezouar jeudi lors du dernier Conseil du gouvernement, selon laquelle Talmi Alami se serait porté candidat sous la pression de son électorat».A la question de savoir si ce mariage "contre-nature de Tétouan" n'aurait pas été le fruit d’un deal avec Ilyass El Omari à propos de la présidence de la région du Nord, la même source dément catégoriquement : "Nous avons notre propre candidat, à savoir Said Khairoun, et nous espérons obtenir le soutien de nos alliés de la coalition gouvernementale pour son élection».

Lundi, jour de l'élection des présidences des douze régions, nous saurons si cette coalition sait encore actionner le principe de la solidarité gouvernementale ou non.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 12/09/2015 à 19h15