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L’affaire Imane Khelif: un conflit entre le CIO et l’IBA active une campagne anti-Maroc

Imane Khelif. © Copyright : DR
Quel est le lien entre un taux de testostérone élevé et le niveau de la performance sportive? On est tenté de se poser cette question. Est-il établi? Est-ce qu’une femme avec un taux de testostérone élevé dispose d’un avantage décisif dans une compétition sportive? Dans le cas de la jeune algérienne, ce n’est pas évident, elle a perdu plus de neuf matchs au cours de sa carrière, face à des filles.

Les émissions sportives des télévisions algériennes ont un succès considérable auprès de la jeunesse marocaine. Ce n’est malheureusement pas pour leurs analyses pertinentes sur les performances sportives des athlètes algériens ou internationaux, mais pour le contenu humoristique des débats qu’elles offrent. Leur obsession pour le président de la Fédération royale marocaine de football, associée à tout leur malheur en football, en devient risible. Personne ne leur a encore expliqué qu’attribuer un pouvoir de superman à l’un des meilleurs dirigeants sportifs de l’histoire du Maroc est plutôt flatteur pour les Marocains.

Les déboires des équipes algériennes en football les ont éloignées de ce sport pour se consacrer à l’histoire d’une jeune personne qui pratique la boxe en catégorie féminine. Ainsi est née «l’affaire Imane Khelif».

Imane Khelif est une boxeuse, à l’allure androgyne, reconnue en tant que jeune femme par le Comité international international (CIO). Elle pratique la boxe depuis quelques années déjà, dans la catégorie Welter, c’est-à-dire celle des moins de 66 kilos. Elle est au centre d’une polémique dont le sport algérien se serait volontiers passé. Elle est en effet accusée de concourir en qualité de femme alors qu’elle aurait des caractéristiques de garçon. C’est sa victoire éclair par l’abandon de sa concurrente italienne, Angela Carini, qui a lancé cette polémique. Cette dernière est soutenue par la Première ministre italienne, Giorgia Meloni et par le Président de la Fédération Internationale de Boxe, l’International Boxing Association (IBA), le Russe Umar Kremlev. Ce dernier, à travers un communiqué laconique, a écrit: «Seules les athlètes éligibles devraient concourir pour des raisons de sécurité». Dans la foulée, l’IBA a décidé d’attribuer à tous les médaillés d’Or un prix de 100.000 dollars et s’est engagée à récompenser l’Italienne Carini comme si elle avait été championne olympique.

Cette histoire a le mérite de soulever la question des conditions de participation des athlètes dans les catégories féminines. Les différentes fédérations ont tranché la question en soumettant les participantes à un test sanguin pour déterminer le taux de testostérone dans le sang. Le problème qui s’est posé pour cette personne est que l’IBA a des exigences différentes de celles demandées par le CIO. Deux organismes en conflit ouvert depuis près de quatre ans. Le CIO, organisateur des Jeux olympiques, a suspendu l’IBA, la fédération de Boxe lui reprochant des problèmes de gouvernance, des scandales d’arbitrage et des liens avec certains sponsors indésirables. L’IBA s’en défends, bien entendu.

C’est dans ce contexte qu’Imane Khelif a pu s’inscrire et participer à l’édition actuelle des Jeux olympiques alors qu’elle avait été exclue lors des derniers championnats du monde, organisé par l’IBA, en Inde. Une indication: chez une personne en bonne santé, le taux de testostérone normal est situé entre 8,2 et 34,6 nmol/L chez les hommes et entre 0,3 et 3 nmol/L chez les femmes.

Les taux relevés chez cette personne, et une autre de nationalité taïwanaise, dénommée Lin Yu-Ting, ne seront jamais communiqués. Ils sont couverts par le secret médical, bien heureusement, et la fédération algérienne a bien raison d’envisager des poursuites à l’encontre de ceux qui publient n’importe quoi sur le sujet.

Quel est le lien entre un taux de testostérone élevé et le niveau de la performance sportive? On est tenté de se poser cette question. Est-il établi? Est-ce qu’une femme avec un taux de testostérone élevé dispose d’un avantage décisif dans une compétition sportive? Dans le cas de la jeune algérienne, ce n’est pas évident, elle a perdu plus de neuf matchs au cours de sa carrière, face à des filles. Dans les allées du CIO, il se dit que l’IBA a sorti cette affaire dans le but de discréditer la boxe aux Jeux olympiques. Un sport qui risque de ne pas être retenu lors des prochains Jeux de Los Angeles 2028.

En attendant, c’est le sort d’une jeune personne qui est en jeu. Une personne harcelée sur les réseaux sociaux et sous le feu d’une pression considérable des autorités algériennes qui en ont fait une affaire d’État. Les médias de ce pays, qui ne ratent jamais une occasion de se taire, ont bien entendu ciblé le Maroc, accusé d’être la source de toutes les attaques contre cette jeune athlète. Une accusation gratuite, facilement contredite par les publications en sa faveur émanant de sites marocains identifiés. Il est vrai qu’il est difficile aux médias algériens de critiquer le Russe Uma Kremlev, Président de l’IBA.

En ce qui concerne l’aspect sportif, le porte-parole du CIO a déclaré qu’en ce qui concerne Imane Khelif, ce n’était pas un cas de transgenre puisqu’elle est «née femme, enregistrée comme femme, vit sa vie en tant que femme, boxe en tant que femme». Dont acte!

La participation de femmes, avec des taux de testostérone élevés, à des compétitions féminines pose question à des niveaux élevés de la gouvernance du sport. Il est question d’éthique, de justice, mais aussi de discrimination. En aucun cas d’un complot contre une personne, jeune sportive qui s’est probablement entraînée dur pour atteindre ce niveau de compétitivité.

C’est pourtant l’hypothèse retenue par les journalistes et leurs invités lors des émissions sportives algériennes. Ils sont délirants dans leur lecture à peine dissimulée d’éléments de langage reçus probablement de plus haut. Il faut les écouter radoter sur l’Algérie qui dérange par ses positions courageuses et qui est attaquée par tous ceux qui lui veulent du mal. C’est lassant, c’est honteux et limite débile. L’Algérie avait besoin de médailles pour faire oublier les désillusions sportives des dernières années, en football notamment, félicitations, mais rien ne justifie la production d’une telle quantité d’insanités.

Par Larbi Bargach

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