Pour voir un bon match, il faut respecter le football

Toutes les réformes du football vont dans le même sens: assurer plus de spectacle en protégeant le jeu offensif, et garantir une plus grande justice sportive. Sur le papier, c’est beau et on ne peut qu’y adhérer. Mais sur le terrain, il faudrait que les hommes, c’est-à-dire les arbitres et les joueurs, y adhèrent aussi, et tout le problème est là.

Prenons les quarts de finale de la C1 africaine, qui ont eu lieu ce weekend. Un match comme Al Ahly–Raja (2-1) a fait le tour du monde. Pourquoi? Match ordinaire, sans grand éclat, avec une équipe qui domine et une autre qui défend. Soudain, l’arbitre signe pénalty pour une prétendue faute de main du Rajaoui Madkour. Illusion optique ou vraie faute de main?

A chaud, l’action pouvait prêter à confusion, le ballon rebondissant sur le tibia du défenseur avant de s’envoler… Les joueurs sur le champ savaient ce qu’il en était: pas de main. Il n’empêche que les Egyptiens voulaient le pénalty, l’un d’eux allant même jusqu’à exécuter une prière express quand l’homme en noir a désigné le point du pénalty. Triste image pour l’esprit sportif et le sens de la justice…

Mais le pire est à venir. Le festival de la mauvaise foi continue lorsque l’arbitre consulte la VAR. Il faut imaginer la scène. Quelqu’un, dans la régie arbitrale, souffle à l’oreillette: «Attention action litigieuse, prière consulter la vidéo». Le ralenti ne laisse aucun doute: la main est inexistante. Mais l’arbitre, après s’être «assuré» et rassuré, désigne le point du pénalty, sûr de son fait. Incroyable. Les Egyptiens ne se font pas prier et mettent le ballon au fond, avant de célébrer cela comme il faut auprès de leurs fans.

Quelle triste image pour le football africain, et pour le football tout court!

C’est contre ce genre d’action que la VAR a précisément été inventée. Pour réparer les éventuelles erreurs et lever les injustices. Si l’arbitre peut se tromper à chaud, la vidéo ne peut pas se tromper à froid. Mais là…

Sans la VAR, on pouvait encore parler d’erreur arbitrale, cela faisait même partie du jeu. Mais avec la VAR, l’erreur devient criminelle, puisqu’il y a préméditation.

Que faire, alors? Enlever les hommes en noir et désigner des robots et des machines pour arbitrer les matchs de football? La FIFA y viendra peut-être un jour…

Soit dit en passant, la victoire d’Al Ahly ne souffre d’aucune contestation, même si elle a été ternie par ce pénalty hallucinant. Mais, imaginons un seul instant que les joueurs d’Al Ahly aient refusé de tirer le pénalty pour «corriger» l’erreur arbitrale, quel beau jour cela aurait pu être pour la grandeur du football africain…

Un petit mot sur l’autre match qui nous intéressait dans cette Ligue des champions africains, entre les Algériens de Belouizdad et le Wydad (0-1). Victoire méritée et méritoire des Rouges, qui ont joué presque tout le match en infériorité numérique après l’expulsion stupide de Daoudi dans les premières minutes. Saluons la gestion et le coaching intelligent de coach Regragui, dont l’idée forte a été de ne pas sacrifier sa pointe, même en fin de match, transformant son 4-5-1 initial en 6-2-1.

Bravo donc au Wydad. Mais il y a un bémol. Certains joueurs, à commencer par Tagnaouti et Amloud, ont multiplié les simulations (crampes, blessures) jusqu’à la nausée, surtout après l’ouverture du score. Disons-le tout net: c’est nul, cela va à l’encontre du jeu et de l’esprit sportif. Le Wydad n’avait pas besoin de ces simulations, que l’on ne connait que trop bien dans les terrains africains et arabe, et qui doivent absolument être bannies du football.

C’est une question de mentalité et de culture, bien sûr. Et c’est cela qu’il faudra changer, alors que la FIFA envisage de passer, dans un futur proche, à des matchs de 100 minutes pour garantir plus de spectacle et un temps de jeu plein, sans déchet. A méditer en tout cas.