Les Marocaines, résilientes, remportent une victoire pleine d’enseignements

L’équipe nationale féminine de football ne fait pas que participer à la 9e édition de la Coupe du Monde de football féminine FIFA 2023, elle démontre, avec brio que les résultats du football marocain ne doivent rien au hasard et qu’ils s’inscrivent dans une dynamique positive, fruit d’un travail préalable structuré et sérieux.

Tous ceux qui ont sortis leurs plumes pour s’attaquer, sur les réseaux sociaux à la Fédération royale marocaine de football accusant ses membres d’improvisation, regardent ailleurs depuis dimanche matin. Les Lionnes, particulièrement meurtries par le résultat de leur premier match contre l’Allemagne, se devaient de réagir, et elles l’ont fait avec l’art et la manière.

Par contre, ceux qui n’ont jamais eu peur de leurs propres contradictions applaudissent des deux mains un exploit qu’ils avaient soi-disant prédit. La vérité est ailleurs, le Maroc a raté son match face à l’Allemagne, un des favoris de l’édition, mais a su se reprendre et démontrer que sa présence au Mondial coorganisé par l’Australie et la Nouvelle Zélande est plus que méritée.

C’est un nouveau palier que vient de franchir le football marocain au féminin et cette étape ne doit rien au hasard. Si les jeunes filles marocaines jouent au football depuis bien longtemps ce n’est que depuis 1998, il y a vingt-cinq ans, que l’équipe nationale féminine a vu le jour. Le 5 juillet 1998, elle a affronté pour son premier match l’équipe nationale sud-africaine de la catégorie à Prétoria. Le match qui s’est terminé sur le score de parité, 1-1 s’est déroulé dans l’anonymat absolu à l’ombre de la Coupe du Monde masculine 1998.

Par la suite le Maroc, invité à la CAN féminine 1998, suite à la défection du Kenya, s’est permis de battre son homologue égyptienne 4-1, avant de subir une défaite humiliante face au Nigéria 8-0, pays organisateur et un nul face au Congo. En 2000, il participera à une nouvelle CAN, il s’est qualifié au détriment des voisins algériens avant de disparaitre des radars jusqu’en 2020. Seule l’équipe des FAR a maintenu cette activité en vie durant toute cette période. C’était insuffisant et malgré les efforts des Lionnes de l’Atlas, dont certaines sont membres de la sélection actuelle, l’équipe n’arrivait plus à se qualifier aux phases finales des différentes éditions de la Coupe d’Afrique des Nations.  

Prenant conscience de l’importance du football féminin et de son poids dans les projets d’expansion du football à la FIFA, la FRMF s’est lancée un nouveau défi dès 2020. La stratégie adoptée consistait à vulgariser la pratique du football féminin au Maroc et à améliorer les performances de son élite.

Pour le premier point la fédération s’est donnée comme objectif le chiffre de 90.000 pratiquantes au Maroc en 2024. À cet effet, elle a signé une convention avec la Ligue nationale du football féminin en vue de la création de deux divisions professionnelles et un championnat U-17 avec maintien des championnats régionaux. Dans la foulée le Maroc obtiendra l’organisation de la CAN Féminine en 2022. Un vrai succès populaire les demi-finales et la finale de la compétition ont permis de battre des records d’affluences 45.542 spectateurs pour la demi-finale et plus de 50.000 pour la finale. 

En ce qui concerne le deuxième point, une restructuration de l’encadrement a été nécessaire avec la nomination de l’Américaine Kelly Lindsay comme directrice du football féminin avant l’arrivée du Français Reynald Pedros comme sélectionneur.  

Au-delà des changements de staff, les patrons du football marocain se sont fixés des objectifs sportifs. Ils s’en donneront les moyens. L’équipe nationale constituée, jusque-là de joueuses évoluant au Maroc, avec une très grande majorité de sociétaires des FAR, championne d’Afrique, se verra renforcée par la prospection et le recrutement de Marocaines issues de l’émigration et pratiquant dans les grands clubs européens. Les résultats ne se sont pas fait attendre, les marocaines vont atteindre la finale de la CAN et se qualifier pour les phases finales de la Coupe du Monde. Les hasards du tirage au sort les ont placées dans un groupe difficile le Nigéria, par exemple autre représentant du football africain, est dans un groupe plus clément. La défaite contre l’Allemagne était sur le point d’annihiler tous ces efforts, la victoire face à la Corée du Sud, une victoire du courage et de la résilience est venue corriger la trajectoire.

C’est une preuve de plus que le travail et le sérieux finissent par être récompensés, un précieux enseignement pour les générations actuelles et pour les suivantes.