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Annatija wattawqit

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Il fut un temps où la radio marocaine était le seul moyen de suivre le cours de la Botola. Il n'y avait pas d'images mais des voix. Hommage à M'hamed Azzaoui, dont la voix nous manquera.

L'actualité sportive, qui est toujours chargée, nous a fait oublier cette petite information, passée presque inaperçue alors qu'elle était grande par la portée: la disparition de M'hamed Azzaoui, il y a quelques semaines déjà. Comment l'auteur de ces lignes a-t-il pu passer à côté?

Tous ceux qui aiment et suivent le foot marocain connaissent sa voix, mais pas son visage. Azzaoui est cette voix à la radio qui demandait aux correspondants qui commentent les matchs de la Botola, aux quatre coins du royaume: «Bref, résumons-nous…. Annatijia wattawqit (le résultat et le temps)!».

Ce qui l'intéresse avant tout, c'est le score et le chrono. Trêve de blabla.

Normal. Nous sommes à une époque où internet n'existe pas. Même la télévision a une influence minime, étant incapable d'assurer le direct et ne s'aventurant guère dans des stades sans le moindre équipement.

Le seul moyen, quand on est fou de foot et que l'on veut suivre son club, c'est de coller ses oreilles à la radio et de guetter «annatija wattawqit». Rien d'autre ne comptait.

Azzaoui savait cela et le comprenait mieux que personne. Heureusement que lui et ses équipes étaient toujours là. Il se mettait constamment à la place de ces mordus de foot, sans doute parce qu'il en faisait partie. Son émission hebdomadaire «al ahad arriyadi (le dimanche sportif)», qu'il dirigeait depuis la disparition de son mentor, l’excellent Noureddine Guedira, est alors un direct de trois heures en flux tendu où chaque minute compte. Tous les matchs commençaient à 15h et se terminaient à 17h. Et si la dernière heure de l'émission était consacrée aux analyses et interviews, et parfois au survol des autres disciplines sportives, entrecoupés de longues plages musicales, les deux premières heures étaient du non-stop (si l'on excepte le traditionnel flash info de 16h).

Il fallait rendre compte de tous les matchs en temps réel. Le tour des stades ressemblait à un film hitchcockien. Il fallait surtout tout arrêter pour se diriger vers le match où il y avait un but. Azzaoui, comme ses auditeurs, jouissait littéralement de ces appels: «Allo… Allo… Issaba (but)… Aljadid (du nouveau) chez notre ami x ou y… Ilayka l'khatt (A toi l'antenne!)».

C’était il n’y a pas si longtemps, c'était un autre football et une autre manière de vivre le football. On se basait sur le descriptif de M'hamed Azzaoui et des autres pour «imaginer» les matchs auxquels on ne pouvait pas assister. Leurs voix étaient nos images.

Harrak, Brhami, Zouine, Kourachi, Lahmer, Jdaïne, Khouyibaba, Ayoubi, Chraïbi… Beaucoup de ces voix se sont tues, à jamais. Azzaoui dirigeait ces voix et donnait lui aussi de la voix. La Botola des années 1990, surtout, lui doit beaucoup. La fin d'une époque.

Par Footix marocain

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