Euro: Yann Sommer, charismatique portier de la Suisse

Pour le gardien du Borussia Mönchengladbach, l'Euro est un bon souvenir: en 2016, lors du match de poule contre la France, il avait sauvegardé à lui seul un 0-0 qui avait permis à son équipe d'accéder au tour suivant.

Pogba, Gignac et Griezmann s'étaient tour à tour cassé les dents sur ce dernier rempart explosif et courageux, désigné ce jour-là "homme du match" par l'UEFA, un honneur très rarement accordé à un portier.

"Yann Sommer maîtrise tous les aspects de son poste, et sur le plan du jeu, personne ne peut lui en remontrer", écrit de lui le magazine allemand Kicker, qui l'avait placé la saison dernière juste en dessous du géant Manuel Neuer (Bayern) dans son classement annuel des gardiens de Bundesliga.

Fort sur sa ligne, spectaculaire dans ses sorties, ce germanophone (qui maîtrise parfaitement le français et l'anglais) dégage aussi une sérénité et une autorité naturelles qui rassurent ses partenaires.

À ses débuts, beaucoup pensaient que sa relative petite taille (1,83 m) l'empêcherait de faire une carrière au plus haut niveau. Le quotidien allemand Bild l'avait même cruellement traité de "gardien bonsaï", lors de son recrutement par Mönchengladbach en 2014. Persuadé qu'il n'arriverait pas à la cheville de son prédécesseur Marc-André ter Stegen, qui s'envolait pour Barcelone.

"La taille n'apporte aucun avantage" 

"En réalité la taille seule n'apporte aucun avantage", assure Yann Sommer, "sur les centres, ce qui compte c'est le timing et la détente, et la taille ne vous donne pas cela, pas plus qu'elle ne vous donne l'explosivité, la technique de main, le jeu de jambes ou le sens de l'anticipation", dit-il dans une interview au magazine suisse Foot.

Ses entraîneurs en junior au FC Bâle, son club formateur, lui ont enseigné un "truc" qu'il utilise toujours à 32 ans: sur les tirs lointains, il a d'abord le réflexe de faire un saut de côté avant plonger: "ça te fait gagner 50 cm", dit-il.

Ses autres qualités? Une témérité certaine dans l'affrontement physique avec les attaquants adverses. Et une maîtrise du jeu au pied qui le place dans la catégorie des grands gardiens modernes capables d'évoluer hors de leur surface, à l'image des Neuer, ter Stegen ou Ederson, à Manchester City.

Avec ses 60 sélections, Sommer sera l'un des piliers d'une équipe qui évoluera dans le groupe A de l'Euro contre l'Italie, la Turquie et le Pays de Galles, avec l'ambition de dépasser enfin les huitièmes après trois échecs consécutifs à ce stade au Mondial-2014, à l'Euro-2016 et au Mondial-2018.

Cuisine, guitare et pub 

Le seul souci de Sommer, pas encore résolu, est de savoir s'il pourra quitter la bulle sanitaire de la Nati vers la mi-juin pour aller soutenir sa compagne, qui mettra au monde leur deuxième fille.

Les restrictions liées au Covid pourraient compliquer l'escapade. "Nous sommes en train de voir avec l'UEFA sous quelles conditions on pourra quitter une bulle et y revenir", a déjà indiqué la Fédération suisse, citée par la presse, qui cherche une solution pour son gardien.

Car la famille, pour Sommer, est l'un des piliers d'une vie qui n'est pas exclusivement consacrée au football.

Lorsqu'il retire ses gants de gardien -- enfilés pour la première fois à l'âge de cinq ans! -, le jeune homme au sourire charismatique utilise ses mains pour se consacrer à ses deux autres passions: la musique (guitare, piano mais aussi chant), et la cuisine.

"Cuisiner est plus qu'une simple recherche d'équilibre", affirme-t-il sur son site internet, "ça me connecte avec la nature. Manger est un élément fondamental de notre bien-être".

Complet sur le terrain, ouvert et extraverti dans la vie, ce garçon doté d'un physique de jeune premier est aussi l'un des rares gardiens qui cumule les contrats publicitaires, en Suisse et à l'étranger.