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Les déclarations des entraîneurs, du spectacle avec parfois un fond pédagogique

Walid Regragui, sélectionneur national © Copyright : DR
Certains entraîneurs pratiquent, la langue de bois et leurs prestations sont fades et quasi inutiles, ils sont inintéressants. D’autres s’inscrivent dans la logique de ce qu’a souhaité la FIFA et répondent, sans se dérober, sur le contenu des prestations des équipes.

Lorsque la FIFA a instauré l’obligation de passer par la case «salle de presse des stades» aux entraîneurs, c’était pour des considérations de marketing, de valorisation des sponsors et pour la promotion de l’événement et de son contenu technique. A l’époque, personne n’avait prédit que les conférences de presses, d’avant et d’après match, allaient devenir des moments forts des rencontres avec les journalistes, une partie intégrante du spectacle. Les explications, distillées par les coachs, devaient fournir au public un moyen de comprendre les faits du match et son déroulé.

Cette tribune offerte aux entraîneurs a été l’occasion, pour eux, de valoriser leur travail, expliquer et analyser les raisons des victoires et revers de leurs équipes respectives, d’évaluer les performances et les échecs de leurs joueurs et aussi de donner des nouvelles des blessés et des dates approximatives de leurs retours.

Ces conférences étaient en principe verrouillées, sur le registre du contenu, et gérées par le service communication du club qui délivre les éléments de langages. L’entraîneur devait se contenter d’intervenir sur les aspects spécifiques et techniques du match, la forme des joueurs, la tactique envisagée ou déployée et son analyse des forces et faiblesses de l’équipe adverse.

La personnalité des entraîneurs, leurs qualités d’orateurs ou polémistes, a changé la donne et cette tribune est devenu un espace pour des messages directs ou subliminaux destinés aux joueurs, aux journalistes, aux dirigeants et au public bien sûr. Sources de polémiques, ces conférences ont pris leurs galons pour devenir partie intégrante du «package compétition de football». Le public, passionné de ce sport, étant demandeur, les médias se sont donnés à cœur joie et depuis relayent comme il se doit toutes les petites phrases, les bons mots et en multiplient la portée.

Un des clients les plus recherchés a été José Mourinho. Ce dernier a longtemps été le client préféré des conférences de presses d’entraîneurs. Il s’est octroyé le surnom de «Special One», un surnom qui lui a longtemps collé à la peau pour donner encore plus de forces à sa prise de parole. Pas question de le dénigrer ou de remettre en cause, ses qualités de stratège, son talent de manager et encore moins sa capacité à transmettre à ses joueurs l’esprit de la gagne. Mourinho fait partie d’une génération de grands entraîneurs qui ont marqué deux décennies et son palmarès parle pour lui. Mais ses attaques continuelles agaçaient. Elles visaient l’arbitrage, à juste titre quelques fois, les entraîneurs adverses, avec ses préférés Arsène Wenger et Pep Guardiola, les organes dirigeants, ce qui lui valut quelques matchs de suspensions. Même Pep Guardiola en général pondéré, s’est senti obligé de lui répondre. Il avait déclaré lors d’une conférence de presse «Mourinho m’a battu, personne ne peut lutter contre lui devant la presse, ma réponse ce sera sur le terrain».

Luis Enrique, au Paris Saint Germain, dans un registre plus soft, est en conflit régulier avec les journalistes et enchaîne les polémiques.

Certains entraîneurs pratiquent, la langue de bois et leurs prestations sont fades et quasi inutiles, ils sont inintéressants. D’autres s’inscrivent dans la logique de ce qu’a souhaité la FIFA et répondent, sans se dérober, sur le contenu des prestations des équipes.

Zidane en fait partie, ses conférences de presse, ponctuées de phrases lapidaires, étaient très instructives, respectueuses du jeu, des joueurs, des adversaires et des arbitres dont il a toujours rappelé qu’ils avaient une fonction difficile.

Deux entraîneurs sortent du lot et méritent une qualité d’écoute à la mesure de leur savoir et savoir-faire. Il s’agit de Carlos Ancelotti, l’emblématique entraîneur du Real Madrid, et Walid Regragui, le Charismatique sélectionneur de l’équipe nationale marocaine. Leurs prestations médiatiques contiennent tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un coach.
Les infos qu’ils fournissent sont limpides et vérifiables, leurs arguments sont incontestables et ils savent comme personne mobiliser joueurs et publics. On se souvient tous de Regragui disant en conférence de presse «j’ai envie d’écouter le Sir, Siir, Siiir». Il a déclenché en quelques mots une avalanche de bonnes ondes autour des Lions au Qatar avec le succès que l’on sait. Les exemples avec Ancelotti sont nombreux, ils concernent pour la plupart des joueurs qu’il a voulu remettre en selle, Valverde, Rodrygo et bien d’autres.

Ces deux entraîneurs ont compris qu’ils devaient attirer la pression sur eux pour épargner les joueurs. C’est l’expérience qui parle. Adil Ramzi, le jeune entraîneur du Wydad n’en manque pas, ses déclarations à la presse sont équilibrées mais marquées par les émotions. Il est vrai qu’il vient de subir, il y a quelques mois, un choc avec la disparition de membres très proches de sa famille lors du séisme d’Al Haouz. Il faut croire qu’il en porte encore les séquelles, ses conférences et ses résultats avec le Wydad s’en ressentent.

Par Larbi Bargach

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