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Le trophée du fairplay U17 a toute sa place au musée du football marocain

La joie des Lionceaux de l'Atlas U17 contre le Sénégal, le vendredi 19 mai 2023. © Copyright : CAF
Les conditions de la participation des Lionceaux n’ont pas été des plus simples. Ils se sont longtemps entrainés sans savoir s’ils allaient pouvoir se rendre à Constantine.

Un des trophées les plus importants remportés par une équipe marocaine, de club ou équipe nationale, est le trophée du fairplay attribué par la CAF à l’équipe nationale U17 lors de la CAN 2023 qui s’est déroulé à Alger dernièrement.

Cette distinction honorifique est relativement passée sous silence alors qu’elle a une portée symbolique de la plus haute importance. D’abord ce trophée est attribué par une commission indépendante constituée de sages qui se basent sur des données objectives, le nombre de cartons reçus par les joueurs, les coups francs sifflés à l’encontre de l’équipe mais aussi sur des données subjectives, le comportement des joueurs sur le terrain, contestations des décisions de l’arbitre, attitude lors d’un acte d’antijeu subi etc. toutes ces conduites sont scrutées par les membres de cette commission avant de prendre la décision d’attribuer le trophée. Les rapports sur le comportement de l’équipe, dans son ensemble, hors du terrain sont également importants. Enfin les discours de l’entraineur, la sérénité qu’il dégage, la qualité des mots employés, pour évoquer l’adversaire, doivent également peser sur la balance.

Et, il faut bien le dire, l’équipe nationale U17, lors de cette édition 2023, a coché toutes les cases pour remporter ce trophée amplement mérité. D’aucuns pensent que ce trophée ne compense pas la douleur de perdre une finale. Ils ont tort. Une petite indication leur fera peut-être changer d’avis. En Europe, le prix du fairplay attribué par pays, présente le palmarès suivant: Norvège 13, Suède 10, Finlande 8, Angleterre 8, Danemark 5. Le moins que l’on puisse dire, c’est ce que le Maroc est en bonne compagnie tant l’image de ces pays est forte sur le plan des valeurs.

Ils ont tort également si l’on se réfère à d’autres critères. Respecter les décisions de l’arbitre et rester concentré sur le jeu sans céder aux provocations des joueurs adverses et du public, fait partie des ingrédients qui ont permis à l’équipe d’arriver si loin, ensuite la discipline et la maitrise de soi n’empêchent pas l’engagement la détermination et la «grinta» sur le terrain. On peut se battre sur tous les ballons, s’imposer physiquement face à l’adversaire tout en étant loyaux et respectueux de l’esprit du jeu. Le football est un sport de contact il ne faut pas l’oublier. L’image renvoyée par une équipe, surtout une équipe nationale, compte beaucoup. L’équipe nationale d’un pays joue également le rôle d’ambassadeur ponctuel et son impact sur la notoriété de la nation est important.

Pourtant les conditions de la participation des Lionceaux n’ont pas été des plus simples. Ils se sont longtemps entrainés sans savoir s’ils allaient pouvoir se rendre à Constantine. La terrible désillusion subie par leurs ainés qui devaient participer au CHAN était dans tous les esprits. Leurs ainés étaient pourtant double détenteur du titre de champion d’Afrique. Ces jeunes n’ont dû leur salut qu’à une intervention musclée de la FIFA qui a affrété un avion pour les transporter à la dernière minute et directement à Constantine. Ils ont même été dispensés du protocole imposé à toutes les autres équipes participantes. Il stipulait un passage obligatoire par Alger pour des raisons de dispositifs de lutte contre la pandémie.

D’autres difficultés les attendaient, l’hostilité du public ressentie surtout, il faut bien le préciser, lors du match derby contre leurs homologues algériens. Les multiples vexations, douloureuses parfois, lorsque par exemple les organisateurs ont procédé à l’amputation de la partie finale de l’hymne national marocain, celle qui a trait à la devise du pays et qui définit les Marocains toutes confessions religieuses et toutes appartenances politiques réunies. Ils ont dû aussi résister aux slogans racistes et abjects proférés par une partie du public probablement à la solde de certaines officines liées au pouvoir en place.

C’est dans ce climat et cette ambiance difficile, que les jeunes joueurs, ils ont tous moins de 17 ans, ont réussi à convaincre de leur bonne éducation, de la qualité de leur préparation mentale et de leur engagement patriotique. C’est une fierté pour tous les marocains, il fallait le souligner une autre fois pour en mesurer l’importance. Ces jeunes ont été formés pour 18 d’entre eux dans des écoles structurées (Académie Mohammed VI, FUS, FAR et autres clubs professionnels à l’étranger) qui ont également pour objectif de distiller les valeurs du sport.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ont réussi leur premier examen, ils en auront un autre bientôt, jouer les phases finales de la Coupe du Monde. Ils se sont qualifiés à Alger et c’était leur objectif sportif. En attendant de briller en Coupe du Monde, ils en ont le talent, ils ont ramené un trophée, celui du fairplay, il a toute sa place au musée du football marocain, un musée annoncé pour bientôt.​

Par Larbi Bargach

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