Filinfo

Foot

Une seule CAN, pour le moment, pourtant le Maroc est une puissance du continent

Ahmed Faras recevant le trophée de la Coupe d'Afrique des Nations 1976. © Copyright : DR
La première participation du Maroc n’interviendra qu’en 1972 pour la huitième édition du tournoi. Cela n’a pas empêché le football marocain de dominer son sujet en Afrique.

Le football exerce un pouvoir d’attraction et de fascination tel qu’il rend souvent futiles les préoccupations du moment qu’elles soient politiques ou sociales. Rares sont les pays qui ont échappé à son pouvoir. La dimension culturelle, politique et sociale acquise par le ballon rond est sans pareille, comparé aux autres activités humaines. Le ballon rond, plus que n’importe quel autre sport, a servi de support aux identités locales, régionales, religieuses et surtout nationales. En effet ce lien est encore plus puissant lorsqu’il concerne les équipes nationales. Les plus anciens d’entre nous se souviennent de l’endroit où ils étaient lorsque Baba a marqué le but de l’égalisation face à la Guinée en Ethiopie lors du dernier match de la Coupe d’Afrique des Nations de 1976. Ce but était synonyme de victoire finale. La seule pour le moment.

A l’époque pour être champion il fallait finir premier du groupe des demis finalistes. Un nul suffisait pour les Marocains. Le match n’avait pas été retransmis à la télé et les Marocains se sont contentés du reportage d’un des pionniers de la Radio marocaine, le regretté Gharbi, qui a cassé définitivement ses cordes vocales avec ce but venu de nulle part à la dernière minute du match.

De même chaque Marocain se souvient des circonstances et des copains avec qui il était pour le match contre l’Allemagne en 1970, le match contre le Portugal en 1986, de celui contre l’Algérie en 2004 ou plus récemment lors des multiples «grands soirs» des Lions de l’Atlas à Doha pour Qatar 2022.

Dès demain, cette passion va à nouveau être activée et l’attention des supporters du football sera vite captée par un arrêt de Bounou, un tir de Ziyech ou un dribble d’Ounahi.

Mais si la passion pour l’équipe nationale a toujours été vive, celle pour les compétitions africaines était beaucoup plus limitée. Pour des raisons essentiellement politiques.

En effet, le Maroc, bien qu’indépendant en 1956, n’a pas pu participer à la création de la Confédération africaine de football (CAF) en mai de la même année. Les membres fondateurs étant l’Egypte, l’Ethiopie, le Soudan et l’Afrique du Sud de l’époque de l’apartheid. Le Maroc n’a pas pu en faire partie parce que son adhésion à la FIFA était suspendue. En cause: sa participation à un tournoi de football organisé à Tunis avec la participation de l’équipe du FLN, qui représentait l’Algérie en lutte pour son indépendance. L’Egypte de Gamal Abdel Nasser, supposé grand soutien du FLN algérien, avait refusé, à l’époque, que son équipe nationale rencontre celle du FLN en tournée de promotion de la cause de l’indépendance de l’Algérie en guerre avec la France. L’histoire nous réserve parfois des surprises bien cocasses.

Finalement l’Afrique du Sud ne participera pas à la première Coupe d’Afrique des Nations en 1957, créée dans la foulée, elle avait exigé de participer avec une équipe constituée uniquement de joueurs «blancs».

La première participation du Maroc n’interviendra qu’en 1972 pour la huitième édition du tournoi. Cela n’a pas empêché le football marocain de dominer son sujet en Afrique.

En effet, le Maroc a représenté son continent lors des deux matchs barrages contre l’Espagne qualificatifs au Mondial du Chili 1962. Le Maroc s’est qualifié pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 1964 et a boycotté, au même titre que tous les autres pays africains, les éliminatoires de la Coupe du Monde 1966 en Angleterre. Les Africains exigeaient une place dédiée, qu’ils obtiendront finalement en 1970. C’est le Maroc qui sortira vainqueur des phases de groupe qualificatifs au Mondial mexicain. Les Lions de l’Atlas se qualifieront aussi pour les Jeux Olympiques de Mexico en 1968, ils céderont leur place au Ghana, pour des raisons politiques. En 1972, ils seront qualifiés aux JO de Munich, encore une fois en qualité de représentant africain. C’est dire à quel point l’équipe nationale marocaine, absente de la CAN, dominait le football africain, qu’elle représentait systématiquement aux deux compétitions phares du football international, Coupe du Monde et Jeux Olympiques.

Pour sa première participation à la CAN en 1972, le Maroc avait dû éliminer en aller-retour, l’Algérie au premier tour et l’Egypte au second tour et aux phases finales, il sera éliminé sans avoir perdu un seul match. En 1974, le Maroc a refusé de participer à la CAN, suite à un scandale d’arbitrage. L’arbitre du match Georges Lamptey avait accordé aux «Zaïrois» un des buts les plus scandaleux de l’histoire du football. Il deviendra plus tard président de la fédération du Ghana. A ce titre, il assistera, à Casablanca à l’élimination de son pays des qualifications aux Jeux Olympiques de Montréal de 1976. Le Maroc qualifié, boycottera les Jeux au même titre que l’ensemble de l’Afrique en raison de la présence de la Nouvelle-Zélande. Cette dernière, malgré plusieurs interdictions, continuait à entretenir des relations sportives avec l’Afrique du Sud bannie pour ses pratiques racistes. Son fils, Joseph Lamptey, fera également une carrière d’arbitre international. En 2017, il sera suspendu à vie pour une affaire de corruption sur des paris sportifs.

Le Maroc a aussi été le premier pays africain et arabe à se qualifier au deuxième tour d’une Coupe du Monde, il a représenté l’Afrique 6 fois sur les 14 fois où le continent disposait d’au moins une place assurée lors des phases finales. Sans oublier sa place de demi-finaliste en 2022 qui a ouvert le chemin à de nouvelles ambitions pour le football africain, tant sur le plan financier, que pour les perspectives de voir bientôt un pays africain champion du Monde.

Par Larbi Bargach

Tags /


à lire aussi /


Commenter cet article
Oups ! il semble que votre name soit incorrect
Oups ! il semble que votre e-mail soit incorrect
Oups ! il semble que votre commentaire est vide

Oups ! Erreur de valider votre commentaire

Votre commentaire est en attente de modération

Filinfo

Retrouvez-nous