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Coupe du Monde et tourisme sportif, un chantier prometteur

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Le défi qui se présente pour le Maroc, si l’on s’en tient aux ambitions définies par les Orientation Royales, est de faire basculer le pays dans une autre dimension économique, politique et sociale.

Le développement d’une nouvelle activité économique, le tourisme sportif au Maroc, nécessite des mises à niveaux et des réajustements de tous les autres secteurs d’activités qu’elle risque d’impacter. Pour faire vivre cette nouvelle activité dans la durée, quelques règles essentielles doivent être respectées. Rentabilité à moyen et long terme du projet, amélioration du savoir-faire et impact économique et social positif. L’organisation de la Coupe du Monde de football dans 6 ans, en 2030 au Maroc avec comme co-organisateur l’Espagne et le Portugal, doit être perçu comme le début de quelque chose et non comme une fin en soi. Le défi qui se présente pour le Maroc, si l’on s’en tient aux ambitions définies par les Orientation Royales, est de faire basculer le pays dans une autre dimension économique, politique et sociale.

Pour y parvenir, on ne peut pas se contenter de construire des stades et se conformer aux lourdes conditions du cahier des Charges FIFA. Les dirigeants marocains l’ont bien compris en mettant en place un système unifié d’actions communes regroupant un certain nombre de responsables relevant de divers ministères, d’élus locaux et de représentants de l’état dans les régions concernées par cet événement. Des réunions de coordination se sont déjà tenues et visent pour le moment à construire une offre organisationnelle à la hauteur de la place que veut tenir le Maroc dans le concert des nations. Elle devra plus tard également traiter d’un sujet important, celui du jour d’après. On va construire ou réaménager des stades, des hôtels, des autoroutes, des lignes ferroviaires, des aéroports pour booster les infrastructures du pays en vue de la Coupe du Monde qui ne doit être en réalité qu’un prétexte, une motivation pour laisser aux futures générations un pays encore meilleur que celui qu’on a trouvé.

La Coupe du Monde influe essentiellement le tourisme sportif, une véritable niche en plein développement dans l’économie du tourisme mondial. On l’a vu lors de la dernière Coupe du Monde au Qatar et on le voit chaque semaine pour les matchs de championnats de la Liga, de la Première League ou des différentes Coupes d’Europe. Chaque semaine des touristes se rendent à Madrid, à Barcelone, à Londres, à Liverpool ou à Manchester pour voir les matchs des équipes de ces villes. Une simple recherche effectuée sur les sites de réservations d’hôtels ou résidences permet de mesurer l’augmentation de l’affluence des hôtels situés à proximité du stade la veille de matchs importants. Le prix des chambres peut être également un indicateur puissant. Une chambre peut coûter le double, le triple ou parfois le quadruple de son coût habituel la veille d’un Clasico, d’une finale de Ligue des Champions ou même d’une demi-finale. Le football n’est plus réservé aux supporters fanatisés qui vouent un amour inconsidéré à l’équipe de leur ville, c’est devenu un spectacle avec des acteurs des fois complétement déconnectés de l’histoire des clubs. Il y a quelques années Arsenal s’est présenté sur le terrain avec une équipe composée uniquement d’étrangers. Arsenal est pourtant historiquement le club d’un quartier de Londres avec ses traditions et sa culture. Les stades sont devenus des musées incontournables pour les circuits touristiques des villes européennes. C’est un aspect non imposé par le cahier de charges FIFA, mais qui doit figurer dans la shortlist du comité de coordination.

A cet effet un certain nombre de problématiques doivent être abordées rapidement. L’amélioration de l’accès aux stades et surtout aux tribunes des stades en fait partie. Sur ce registre, il y a beaucoup à dire. Les numéros de places achetées ne sont jamais respectés dans les stades au Maroc. Au mieux on crée des zonings, un numéro de tribune par exemple, où vous allez vous installez, les meilleures places étant prises par les premiers venus. Les portes ouvrent des heures à l’avance pour un derby alors qu’un stade européen se remplit et se vide en 10 minutes. Toutes les tentatives de numéroter les places ont été vouées à l’échec. Vous trouverez toujours quelqu’un assis à la place que vous avez pris soin de réserver à l’avance. C’est inacceptable et ce sera insupportable de le lire dans la presse, en 2030 si rien n’est fait pour corriger cette anomalie rencontrée en permanence dans nos stades. Les supporters des pays qui ont participé aux dernières Coupes du Monde des Clubs organisés par notre pays en ont gardé un souvenir amer. Surtout ceux qui sont venus en groupe et se sont vu séparés assis parfois dans des endroits qu’ils auraient obtenus pour moins chers. Ce n’est pas une question d’éducation, ni de discipline, c’est surtout une affaire de mauvaises habitudes et aussi de rapports de forces imposés par des voyous.

Il y a quelques années Royal Air Maroc (RAM) a été confronté au problème du respect des places. C’était lors des déplacements pour le pèlerinage de la Mecque. La compagnie a surmonté cette difficulté en imposant un système de zoning et de priorisation par catégorie en amont de l’embarquement. C’est à ce moment que le tri est effectué selon le numéro des places. A l’intérieur de la carlingue, les stewards et les hôtesses font le reste, à savoir le setting à la bonne place des passagers. La FIFA est en train de réfléchir à la délocalisation d’un certains nombres de matchs de championnat, seuls les matchs de Supercoupe peuvent être délocalisés pour le moment. C’est une belle opportunité qu’il faudra saisir à l’avenir. Un Clasico Barcelone-Madrid après 2030 dans ce qui sera le plus grand stade du Monde, celui de Benslimane, c’est tout à fait envisageable. L’impact sur l’industrie touristique de la région sera important. Parce que la question n’est pas de réussir l’organisation, ça tous les Marocains en sont persuadés, mais de réfléchir dès à présent au jour d’après et de tous ce que l’on doit mettre en place pour y aboutir.

Par Larbi Bargach

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