Lions de l'Atlas: une qualification pour battre des records et réécrire l’histoire

Flash-back. Il est 16 heures, mercredi 11 juin 1986, à Guadalajara. L’équipe nationale, dirigée par le brésilien José Faria, prend part à un match décisif face aux Portugais, le troisième de la phase de poules de la Coupe du monde organisée en terre mexicaine.

Après les deux matchs nuls et vierges, face à la Pologne de Zbigniew Boniek et l’Angleterre de Gary Lineker, les coéquipiers de Badou Zaki avaient leur sort en main, car il suffisait de gagner face à la redoutable équipe du Portugal, chapeautée par Paulo Futre, pour passer, pour la première fois de l’histoire du football marocain, arabe et africain, le cap de la phase de groupes.

«Après les deux premiers matches, les journalistes ont commencé à s'intéresser à nous», se remémore l'attaquant Abdelkrim Merry, plus connu sous son surnom Krimau.

Dès l’entame du match, les Marocains ont annoncé la couleur en se montrant décisifs. Leur détermination à réaliser un exploit historique a fini par porter ses fruits. Après 19 minutes du premier sifflet, l’attaquant des FAR Abderrazak Khairi, inscrit le premier but des Lions de l’Atlas grâce à un tir de l’extérieur de la surface. Le rêve commence alors à prendre forme.

Sept minutes plus tard, le même joueur double la mise en transformant une passe de Khalifa Laâbd, joueur du KAC de Kénitra, en but. Krimau a, par la suite, mis fin à l’espoir des Portugais en inscrivant un troisième but à la 62e minute de cette rencontre qui s’est soldée sur une victoire du Maroc (3-1). Résultat : le Maroc se qualifie pour la première fois de son histoire aux huitièmes de finale de la plus prestigieuse des Coupes, concrétisant ainsi le rêve africain de briller dans l’univers du football mondial.

«Alors que personne n'avait parié qu'on allait gagner un match, on a fini premiers de notre groupe», se souvient l'ancien capitaine et gardien de l'équipe nationale, Badou Zaki.

Cette épopée marocaine s’est malheureusement achevée au bout d’un autre match historique face à l’Allemagne de Lothar Matthäus. Ce dernier a marqué l’unique but de la rencontre, à la 87e minute, sur un coup franc direct, mettant fin à un parcours jusque-là sans faute.

Pour Zaki et Krimau, le succès de 1986 «n'était pas dû au hasard, mais le fruit d'une bonne préparation et de la cohésion du groupe».

Reproduire une meilleure version de l’histoire

Et c’est justement sur cette «cohésion du groupe» que comptera le jeune entraîneur des Lions de l’Atlas, Walid Regragui, ce jeudi 1er décembre 2022, lors de son duel avec l’équipe canadienne, pour écrire une meilleure version de l’histoire du football marocain.

Il sait pertinemment, qu’en plus de la rigueur tactique, cette «cohésion» ainsi que l’esprit de famille qu’il a su ancrer à son groupe, permettront à sa team de triompher et d’allonger au maximum le séjour de l’équipe nationale à Qatar.

Son modus operandi a d’ailleurs porté ses fruits propulsant le Wydad, dont il tenait les manettes l’année dernière, au sommet de l’Afrique et de la Botola Pro. Sa touche a également permis aux Lions de l’Atlas d'être en tête de classement de l’actuelle édition de la Coupe du Monde, ex æquo avec la Croatie, après un match nul et vierge face aux coéquipiers de Luka Modric (vice-champions du monde) et une victoire historique (2-0) contre la Belgique, deuxième au classement FIFA.

Du chemin reste pourtant à faire pour écrire une nouvelle page de l’histoire du football national. Et cela commence cet après-midi face au Canada. Dans ce match décisif, Walid comptera aussi sur l’humilité de son groupe qui ne doit pas sous-estimer l’équipe nord-américaine. «On est motivés et on sait pourquoi on est venus. Tant que l’arbitre n’a pas sifflé, on n’a toujours rien fait. Ce qui me réjouit, c’est que tout le monde veut jouer et se battre», a-t-il déclaré lors de la conférence de presse d’avant match, mercredi 30 novembre 2022.

«On rentre sur le terrain pour gagner. C’est une jeune équipe (l’équipe du Canada, NDLR.) avec beaucoup d’intensité. On va les respecter. Le plus important, c’est d’être au second tour», poursuit le sélectionneur national.

Une victoire … et des records qui tombent

Une victoire des protégés de Walid lors du match contre le Canada et leur qualification au second tour portera la joie des Marocains, Arabes et Africains, à son paroxysme. Ce sera aussi l’occasion pour cette génération de l’équipe nationale de battre plusieurs records.

Les coéquipiers de Achraf Hakimi auront l’opportunité d’égaler les différentes générations des Lions de l’Atlas ayant pris part aux phases finales de la Coupe du monde de 1970, 1986, 1994, 1998 et 2018, en termes de victoires réalisées. En fait, l’histoire du Mondial ne comporte que deux victoires des Lions de l’Atlas, en 1986 face au Portugal et en 1998 face à l’Ecosse.

Sur un autre chapitre, les Lions de l’Atlas n’ont encaissé aucun but lors des deux premiers matchs de la phase de groupes. Ils égalent ainsi l’exploit de la team 1986 qui a, par ailleurs, vu ses filets trembler à deux reprises lors de son troisième match face au Portugal. Un clean sheet cet après-midi, ou éventuellement si l’équipe nationale encaisse un seul but, permettra aux protégés de Walid de réaliser un nouveau record.

Une victoire face au Canada permettra aussi à l’équipe nationale de se positionner en tête du classement avec 7 points (éventuellement ex-eaquo avec la Croatie en cas de victoire de cette dernière dans son match face à la Belgique). Il s’agira d’un nouveau record du Maroc en Coupe du monde après celui de la team 1986 (5 points).​