La descente aux enfers se poursuit pour les Algériens, anesthésiés par la propagande

Le football apporte toujours son lot de surprises et de résultats inattendus. Pas besoin de mettre en place un système de handicap, comme c’est le cas pour les courses hippiques ou pour le golf, en football la surprise fait partie intégrante du scénario des matchs. 

Bien entendu, comme pour les autres sports, l’enjeu c’est la victoire et pour gagner il faut marquer plus de buts que l’adversaire, mais c’est aussi le seul sport où on peut vivre une belle rencontre qui se termine par un score vierge 0-0. Le but est considéré comme une denrée rare qui peut transformer le destin d’une sélection et c’est le cas de l’équipe nationale d’Algérie qui vient de sortir de la CAN 2023 par la petite porte après une défaite 0-1 devant la Mauritanie, dont c’est la première victoire en phase finale de la CAN de son histoire.

C’est un choc pour le public algérien, les Fennecs étaient, il y a encore quelques années, champions d’Afrique, un titre conquis en 2019 en Egypte, et disposent d’un effectif parmi les plus talentueux du continent. Mais depuis, c’est la descente aux enfers. Au Cameroun déjà, en 2022, avec une piètre dernière place en phase de groupes derrière la Côte d’Ivoire, la Guinée Équatoriale et la Sierra Leone. Sans oublier les éliminatoires de la Coupe du monde 2022, face au Cameroun et cette défaite humiliante à domicile après un but encaissé à la dernière seconde du match. Ce but, et le commentaire de la télé algérienne qui va avec, a eu un succès considérable et reste comme un moment fort des publications sur les réseaux sociaux. Certains le repassent en boucle tant la tragédie est comique.

Cette nouvelle humiliation ne passe pas. Terminer à la 4e place d’un groupe relativement facile avec deux nuls, dont un arraché dans le temps additionnel, et une défaite méritée face à la Mauritanie, c’est honteux. L’équipe nationale mauritanienne n’a pas du tout volé sa victoire, elle est mille fois méritée, elle aurait pu être bien plus lourde, une transversale et quelques maladresses en ont décidé autrement.

Cette chute brutale du niveau de l’élite du football algérien a des raisons, elles sont inhérentes à la Fédération algérienne et à la politique sportive du pays. On n’en connait ni les acteurs ni les enjeux et ça ne présente aucun intérêt pour le lecteur lambda. Par contre, on peut s’intéresser aux commentaires et aux explications fournies par les médias officiels et les réseaux sociaux du pays voisin, autant de supports dont plusieurs comptes sont gérés par des fonctionnaires alimentés par le même discours officiel.

Les publications reflètent le niveau des dégâts accomplis par la propagande sur les cerveaux et la rationalité d’une grande partie de la population, nourrie à la haine du Maroc, des Marocains et de ses institutions. Ce n’est pas sans conséquence même si au Maroc la sagesse prévaut. En effet si les Marocains ont toujours été solidaires de leurs frères et voisins, ce n’est plus d’actualité. Tout le monde se souvient des klaxons et des youyous qui ont fait suite aux qualifications de l’Algérie en Coupe du Monde 2014 et lors de la victoire en finale lors de la CAN, cette fois les Marocains se sont réjouis de cette déconvenue.  

Pour être plus précis les Marocains ne sont pas sortis dans la rue pour fêter l’élimination algérienne, ils étaient dehors pour se moquer des médias des voisins, de leur arrogance et leurs bêtises. Le niveau des interventions des différents commentateurs sur plusieurs plateaux interpelle sérieusement. Avant le match qui a opposé la Mauritanie à l’Algérie, un des supports électroniques dédié à la promotion du pouvoir en Algérie a complétement dérapé dans un article qui frise le ridicule. C’était la veille du match. Il a accusé la fédération mauritanienne de «lancer les hostilités contre l’Algérie» uniquement parce qu’ils ont dénoncé une fake news relative à un supposé financement marocain de leur déplacement en Côte d’Ivoire. Pour ce média, l’Algérie peut lancer toutes sortes d’accusations contre la Mauritanie et cette dernière n’aurait pas le droit de se défendre. Sinon, c’est considéré comme une provocation.

C’est dire le niveau d’arrogance et de suffisance dans lequel on veut plonger un peuple, en réalité privé d’une grande partie de ses richesses et de sa liberté d’analyse. Ce n’est rien par rapport aux délires qui ont fait suite à l’humiliante défaite. Il y a ceux qui veulent priver les Mauritaniens d’électricité, qui les accusent d’ingratitudes et toute une panoplie d’insultes qu’il est préférable d’ignorer.

Aucun mea-culpa n’est au programme, sauf le premier jour où Belmadi, l’entraineur, et les joueurs ont été cloués au pilori. Dès le lendemain, l’artillerie lourde était de sortie avec sa musique habituelle. Les responsables de tous les maux de la sélection sont pêle-mêle Lekjaa, Gassama, les coulisses et dernière trouvaille, l’Afrique francophone manipulée par la France. Le ridicule est souvent triste mais c’est aussi un gisement pour les humoristes qui s’en donnent à cœur joie. Les vidéos amateurs se multiplient sur les réseaux sociaux et accumulent les vues et les likes.

Une des plus belles CAN de l’histoire a perdu en route une équipe qui aurait pu contribuer à la rendre encore plus belle. Mais certainement pas avec cet état d’esprit et cette propagande qui a fini par polluer l’esprit des supporters devenus insupportables. Alors bon vent les Fennecs. Un conseil: débarrassez-vous de vos lubies et de vos fantasmes avant de revenir et animer à nouveau les compétitions.